La Banque Nationale anticipe une augmentation de ses pertes sur créances en 2016, alors que la faiblesse persistante des prix de l'énergie accentuera la pression sur les provinces pétrolières de l'Ouest.

Sans une remontée des cours du pétrole, des prêts octroyés à des producteurs actuellement sous surveillance pourraient bien forcer l'institution financière à provisionner des montants supplémentaires.

Au premier trimestre terminé le 31 janvier, les pertes sur créances de la Banque Nationale (TSX:NA) ont atteint 63 millions $, par rapport à 61 millions $ au trimestre précédent et 54 millions $ à la même période en 2015.

«J'aimerais rappeler à tous que notre exposition (...) dans les régions pétrolières du Canada est faible et gérable», a affirmé mardi le président et chef de la direction de l'institution, Louis Vachon, au cours d'une conférence téléphonique avec des analystes financiers.

Néanmoins, la sixième banque en importance au pays a décidé de relever de cinq points de base sa fourchette de pertes sur créances, qui devrait osciller entre 0,25 et 0,35 point de base pour l'exercice.

«Les prix de l'énergie et les activités de fusions et acquisitions dans le secteur (pétrolier et gazier) devraient déterminer si nous allons ou non terminer l'exercice au bas de la fourchette», a souligné le premier vice-président à la direction, gestion des risques, Bill Bonnell.

Au total, les provinces de l'Alberta, de la Saskatchewan et de Terre-Neuve-et-Labrador représentent 9,6 % des prêts octroyés par la Banque Nationale, comparativement à 82,6 % pour le Québec et l'Ontario.

En dépit de la morosité économique de l'Ouest canadien, M. Vachon s'attend à ce que les conditions demeurent stables dans le centre du pays, où la faiblesse du dollar canadien donne un coup de pouce au secteur touristique en plus de stimuler les exportations ainsi que le secteur manufacturier.

«Nous prévoyons une faible croissance économique au Canada et aux États-Unis pour les trois prochaines années, a-t-il toutefois prévenu. Pas de récession, mais une faible croissance, d'entre un et deux % par année.»

Une radiation plombe la rentabilité

Quant à sa performance financière, la Banque Nationale a vu ses profits dégringoler de 37 % au premier trimestre, principalement en raison de la radiation de sa participation dans Maple Financial Group.

L'institution a réalisé un bénéfice net de 261 millions $, ou 67 cents par action, en baisse par rapport à 415 millions $, ou 1,16 $ par action, il y a un an.

Le 7 février dernier, la Banque Nationale avait confirmé la radiation de sa participation de 24,9 % dans Maple Financial Group, qui exploitait la Maple Bank en Allemagne. Les activités de cette filiale ont été suspendues par les autorités financières allemandes en raison d'allégations concernant des irrégularités.

Déduction faite des impôts, l'impact de la radiation s'est traduit par une incidence négative de 145 millions $ sur les résultats du premier trimestre.

La Banque Nationale ne s'attend pas à être visée par des poursuites dans ce dossier, mais a tout de même avisé les autorités allemandes de son intention de rembourser tout dividende obtenu par le biais d'activités jugées malveillantes.

Maple Financial Group n'est pas relié à Maple Acquisition Group, qui a racheté le Groupe TMX en 2012.

Abstraction faite des éléments non récurrents, la Banque Nationale a dégagé un bénéfice ajusté de 427 millions $, ou 1,17 $ par action, en progression de quatre % par rapport au premier trimestre de 2015.

Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient sur un bénéfice ajusté par action de 1,14 $.

Les revenus ont fléchi de neuf % pour s'établir à 1,29 milliard $.

Le résultat net du secteur des particuliers et entreprise a bondi de huit %, à 184 millions $, alors que celui de la gestion de patrimoine s'est établi à 77 millions $, en progression de quatre %.

Dans le secteur des marchés financiers, le résultat net a glissé de 177 millions $ à 41 millions $, notamment à cause de la radiation de la participation dans Maple Financial Group.

À la Bourse de Toronto, l'action de la Banque Nationale a clôturé à 37,44 $, en baisse de 88 cents, ou 2,3 %.