Le géant pétrolier Royal Dutch Shell a annoncé jeudi que son bénéfice net avait été divisé par plus de sept en 2015 à cause de la chute des cours du pétrole contre laquelle il s'est dit prêt à prendre de nouvelles mesures drastiques si nécessaire

Lors de l'année écoulée, la pétrolière anglo-néerlandaise a dégagé un bénéfice net de 1,94 milliard de dollars contre près de 15 milliards de dollars en 2014.

Son bénéfice annuel ajusté, hors éléments exceptionnels et variation des stocks (CCS), un indicateur scruté par le marché, a été divisé par deux, à 10,68 milliards de dollars.

Son activité «amont» (exploration et production) a été particulièrement affectée, le groupe évoquant les conséquences de la chute des cours du pétrole et du gaz. L'activité «aval» (raffinage, pétrochimie) a mieux limité les dégâts grâce à de meilleures marges.

«En 2015, nous avons réduit les coûts de façon importante en réduisant nos projets d'investissement et en privilégiant des solutions à moindre coût», a expliqué le directeur général de Shell, Ben van Beurden, dans un communiqué.

Le géant pétrolier a fait face l'an passé, comme ses concurrents, à une chute vertigineuse des cours du pétrole qui ont récemment atteint le seuil symbolique des 30 dollars le baril.

Shell a déjà annoncé une réduction d'effectifs de 10 000 personnes et diminué ses investissements face à cette évolution défavorable. Il a ainsi décidé de se retirer du projet gazier Bab à Abou Dhabi et a prévenu par ailleurs qu'il repoussait la prise de décisions finales d'investissement pour d'importants projets dans le gaz naturel liquéfié au Canada et d'exploitation en eaux profondes au large du Nigeria (projet Bonga South West).

M. van Beurden a prévenu en outre que l'entreprise était prête à «prendre de nouvelles mesures marquantes pour gérer la baisse des cours du pétrole si nécessaire».

Lors du seul quatrième trimestre, son bénéfice net a grimpé de 58%, à 939 millions de dollars mais son résultat ajusté CCS a chuté de 44%, à 1,825 milliard de dollars.

«La concrétisation de la transaction BG, que nous attendons dans les semaines à venir, marque l'ouverture d'un nouveau chapitre pour Shell, qui va rajeunir l'entreprise et élever les profits des actionnaires», s'est réjoui par ailleurs le directeur général.

Les actionnaires de Shell d'un côté et ceux du producteur britannique d'hydrocarbures BG Group ont en effet chacun de leur côté voté fin janvier en faveur de l'acquisition de BG par Shell annoncée en avril dernier pour 47 milliards de livres (62 milliards d'euros au taux de change actuel).

Cette opération, qui a toutefois suscité quelques interrogations au vu de la déprime actuelle des cours, devrait devenir effective le 15 février.

L'action «B» de Royal Dutch Shell bondissait de 6,30% à 1.528 pence jeudi vers 10h30 GMT à la Bourse de Londres, la série de données annoncées dans la matinée s'étant révélée un peu moins mauvaise que redouté.

«Nous n'attendions aucun feu d'artifice vu que Shell avait donné des chiffres préliminaires il y a deux semaines mais il faut noter que les résultats de la plupart des activités ont été au final dans le haut de la fourchette présentée auparavant par la direction», a expliqué Biraj Borkhataria de RBC Europe.