Le groupe américain de produits pharmaceutiques et d'hygiène Johnson & Johnson a dépassé les attentes en 2015, malgré le dollar fort qui a rogné ses revenus à l'international.

Pour protéger ses marges et stimuler sa croissance, le PDG, Alex Gorski, a indiqué à des analystes que le groupe envisageait de se développer via des opérations de fusions-acquisitions.

Sur l'année 2015, le bénéfice net annuel a certes reculé de 5,6% à 15,41 milliards de dollars mais le profit du quatrième trimestre, période reflétant l'état de l'activité récente, a bondi de 27,4% à 3,22 milliards, selon des résultats annoncés mardi.

Ce résultat s'est traduit par un bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du Nord, de 1,44 dollar quand les analystes attendaient en moyenne 1,42 dollar.

Le chiffre d'affaires trimestriel a reculé de 2,42% à 17,81 milliards de dollars, contre 17,88 milliards attendus. Sur l'année, le recul est plus important: -5,7% à 70,07 milliards de dollars, contre 70,12 milliards espérés par les marchés.

Cette contre-performance est due en grande partie à l'appréciation du dollar, qui a rogné les revenus réalisés à l'international: au quatrième trimestre, la hausse de 8% des ventes aux États-Unis a été effacée par un plongeon de 11,7% enregistré à l'international.

Hormis les effets de changes, les revenus ont progressé de 4,4% sur le quatrième trimestre et de 1,8% sur l'année.

En quête de proies

JNJ, fondé en 1886 et connu du grand public pour ses marques de cosmétiques comme Neutrogena, pâtit depuis plusieurs trimestres de l'augmentation du dollar que n'arrive pas à compenser la baisse des prix des matières premières utilisées dans la fabrication de ses produits.

Par activités, les recettes générées par la pharmacie, plus grosse division du groupe, ont reculé en 2015 de 2,7% à 31,43 milliards de dollars, plombées par les ventes d'Olysio, son traitement contre l'hépatite C affecté par une concurrence agressive. Les ventes de l'antidiabétique Invokana et de l'anticancéreux Imbruvica (leucémie) sont néanmoins prometteuses.

Le chiffre d'affaires de la division équipements médicaux, en pleine restructuration, a diminué de 8,7% à 25,14 milliards de dollars. Johnson & Johnson va y supprimer 3.000 emplois, soit 2,5% de ses effectifs totaux.

Ces coupes affectent les départements des produits destinés aux professionnels des domaines de l'orthopédie, de la chirurgie et des maladies cardiovasculaires.

Les revenus de la division produits de grande consommation ont vu leur chiffre d'affaires annuel baisser de 6,8% à 13,51 milliards de dollars.

Pour 2016, JNJ vise un chiffre d'affaires compris entre 70,8 et 71,5 milliards de dollars, soit une croissance opérationnelle de 2,5 à 3,5% hors effets de change. Les analystes misent, eux, sur 71,88 milliards de dollars.

Le bénéfice par action ajusté, devrait, lui, s'établir entre 6,43 et 6,58 dollars, contre 6,38 dollars anticipés jusqu'ici par les analystes.

À Wall Street, les marchés appréciaient cette dernière prévision d'autant que M. Gorski a laissé augurer une possible croissance externe: le titre prenait 3,35% à 99,63 dollars vers 11h45.

«Nous avons l'intention (...) de rester actifs en 2016» pour ce qui est des fusions-acquisitions, a-t-il déclaré aux analystes. Johnson & Johnson veut notamment se renforcer dans la pharmacie, secteur en pleine consolidation depuis deux ans.

Le groupe est en quête de cibles pouvant «contribuer à une croissance viable et créer de la valeur à long terme», a ajouté le dirigeant sans donner de noms.

Il espère ainsi rivaliser avec Pfizer, qui a mis en novembre 160 milliards de dollars sur la table, pour s'emparer d'Allergan, le fabricant du traitement antirides Botox.