Le ministre des Transports, Marc Garneau, affirme qu'il n'exclut pas de clouer au sol les Boeing 737 MAX 8 à la suite de l'écrasement d'un appareil d'Ethiopian Airlines qui a fait 157  morts, dont 18 Canadiens, dimanche.

De passage à Montréal, le ministre Garneau a indiqué n'avoir pas encore arrêté une décision finale à ce sujet et que ce dossier est hautement prioritaire pour lui. Il fera le point sur le dossier des avions Boeing 737 MAX 8, mercredi avant-midi, à Ottawa.

Une convocation envoyée aux médias relativement à ces appareils et à la sécurité de l'aviation indique que le ministre sera accompagné d'un sous-ministre adjoint de Transports Canada et du directeur général associé de l'Aviation civile, François Collin.

Lundi, le ministre avait écarté l'option d'interdire le vol de ces appareils, se disant même prêt à embarquer «sans hésiter» à bord du type d'avion qui s'est écrasé dimanche dans la tragédie d'Ethiopian Airlines, démontrant sa confiance dans le nouvel appareil. M. Garneau avait tenu ces propos lundi alors que l'Association des pilotes d'Air Canada l'invitait «à prendre des mesures proactives pour assurer la sécurité du public voyageur canadien».

M. Garneau avait aussi estimé que les gens ne devraient pas tirer de conclusions hâtives quant à la cause de l'accident, laissant entendre aux journalistes qu'il y a «toutes sortes de possibilités».

«Le principe qui s'applique ici, c'est de comprendre ce qui se passé, et d'évaluer froidement la situation qui existe en ce moment. En ce moment, il nous manque de l'information», a déclaré M. Garneau en mêlée de presse. Il a souligné que les boîtes noires de l'appareil qui s'est écrasé ont été retrouvées, mais n'ont pas été analysées.

Les principales compagnies aériennes du Canada-Air Canada, WestJet et Sunwing - ont toutes des Boeing 737 Max 8 dans leur flotte. Mais jusqu'ici, aucune de ces compagnies n'a annoncé avoir l'intention de clouer ces appareils au sol.

Le Canada pourrait donc éventuellement emboiter le pas à d'autres pays, qui ont décidé de fermer mardi leur ciel aérien aux Boeing 737 MAX 8, notamment le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France et l'Irlande. Lundi, d'autres pays, dont l'Australie, Singapour, l'Éthiopie, l'Indonésie et la Chine, ont annoncé des décisions similaires.

«En ce moment, nous n'avons aucune information nous menant à des hypothèses. Il y a plusieurs causes possibles à cet accident tragique», a aussi dit le ministre. «Le Canada ne sait pas ce qui a causé cet accident, et ces pays [qui ont fermé leur espace aérien] ne le savent pas non plus.»

Le Bloc québécois estime que le ministre Garneau fait courir un risque inutile aux voyageurs en n'ordonnant pas que ces appareils soient cloués au sol immédiatement.

«Il faut immédiatement clouer ces appareils au sol et interdire les vols dans notre espace. Ça n'a pas de bon sens d'agir à l'inverse. M. Garneau dit qu'il veut faire une enquête et qu'après il va décider. Mais supposons que l'enquête conclurait qu'il y a un gros problème. On aurait mis en danger la vie des gens. Il vaut mieux prévenir que guérir», a déclaré à La Presse le député bloquiste Louis Plamondon.

L'accident de dimanche a suscité des inquiétudes puisqu'il rappelait l'écrasement d'un appareil similaire de Lion Air dans la mer de Java, en octobre dernier, qui avait fait 189 morts. Un nombre croissant de compagnies aériennes ont décidé de garder au sol les modèles du nouvel avion de Boeing.

Certaines compagnies aériennes ont fait état de clients inquiets pour expliquer leur décision de maintenir au sol les Boeing 737-8 MAX, au moment où les experts cherchent à connaitre les raisons de l'écrasement de l'avion peu après le décollage dimanche. Il faudra peut-être attendre des mois avant d'obtenir des réponses.

Les États-Unis comptent obliger Boeing à procéder à des modifications du 737 MAX 8 et du 737 MAX 9, mais ne vont pas clouer ces avions au sol, prenant le contrepied de pays comme la Chine, après l'accident mortel de dimanche. L'agence fédérale de l'aviation (FAA), un des principaux régulateurs du transport aérien, a demandé hier à l'avionneur d'effectuer des changements «au plus tard en avril» sur des logiciels et sur le système de contrôle MCAS conçus pour éviter les décrochages.

Boeing doit également actualiser le manuel destiné à la formation des pilotes. En 40  ans, Washington n'a cloué au sol toute une flotte d'avions qu'en deux occasions. La dernière fois remonte à janvier 2013, lorsque les 787 Dreamliner de Boeing ont été immobilisés pour des problèmes de batteries.

- Avec La Presse canadienne