La flambée des coûts de carburant, les conflits de travail et la vive concurrence au pays et à l'étranger se sont traduits par un troisième trimestre agité pour WestJet Airlines, qui a vu son bénéfice chuter par rapport à la même période de l'année dernière.

« De toute évidence, cette année n'a pas été conforme à nos attentes ou à notre volonté », a observé le directeur financier du transporteur, Harry Taylor. « Mais nous avons atteint plusieurs marques cette année et avons accompli le boulot. »

« Nous ne sommes pas là où nous voulons être financièrement. Nous devons revenir sur cette voie », a ajouté mardi M. Taylor lors d'une conférence téléphonique avec des investisseurs, après la publication des résultats trimestriels.

La société de Calgary a affiché un bénéfice de 45,9 millions au troisième trimestre, en baisse de 66 % par rapport à celui de 135,9 millions du même trimestre l'an dernier.

Les coûts de carburant ont grimpé à 85 cents le litre, soit une hausse de 37 % par rapport à l'an dernier. Il s'agit de la dépense d'exploitation la plus importante du transporteur aérien.

En mai, les pilotes de WestJet ont voté en faveur d'une grève avant que l'Association internationale des pilotes de ligne ne s'entende avec la société au sujet d'un processus de règlement, deux semaines plus tard. La menace initiale a effrayé les passagers potentiels et occasionné des offres tarifaires à prix réduit qui ont coûté « des dizaines de millions de dollars » au transporteur au cours des deuxième et troisième trimestres, a souligné le chef de la direction, Ed Sims.

La féroce concurrence est une autre préoccupation. Flair Airlines, Canada Jetlines, le transporteur à bas prix Rouge, d'Air Canada, et certains acteurs transatlantiques à bas coût comme l'islandais Wow Air et Norwegian Air, occupent tous l'espace dans lequel WestJet s'est lancé il y a quatre mois avec son transporteur Swoop à très faible coût.

« Nous avons assisté à une augmentation spectaculaire des tarifs, puis à une diminution encore plus spectaculaire des tarifs. Nous avons vu un autre opérateur à faible coût entrer et doubler la taille de son réseau », a observé M. Sims, évoquant la récente expansion du groupe privé Flair.

Plus tôt ce mois-ci, WestJet a commencé à vendre des vols sans escale reliant Calgary à Dublin, Paris et l'aéroport de Londres Gatwick, à bord de ses trois premiers Boeing 787 Dreamliner. À terme, WestJet comptera 10 de ces nouveaux appareils, espérant pouvoir séduire de nouveaux passagers d'affaires habitués à la domination transatlantique d'Air Canada.

WestJet a annoncé mardi qu'elle ajouterait des liaisons Toronto-Barcelone et Calgary-Atlanta, en vente immédiatement.

« C'est typiquement très difficile d'entrer dans le sud-est des États-Unis, pour nous, dans l'Ouest », a noté la porte-parole Lauren Stewart, insistant sur l'accès au marché que procure au transporteur la coentreprise avec Delta Air Lines, d'Atlanta, annoncée en juillet.

« Goliath contre un grand joueur »

Karl Moore, un expert en aviation de la faculté de gestion Desautels de l'Université McGill, voit chez WestJet une « transition » d'un transporteur national à bas coût à une compagnie aérienne intercontinentale à service complet.

« Je pense qu'ils essaieront toujours d'être le concurrent canadien bagarreur [...] un peu enraciné dans l'Ouest », a estimé M. Moore. « Mais cela devient moins David et Goliath, et plus Goliath et un grand joueur. »

« Le prix élevé du pétrole est absolument un problème. La forte concurrence est absolument une réalité. Je pense qu'il existe certaines difficultés en ce moment, mais je pense qu'ils se positionnent très bien pour l'avenir », a-t-il fait valoir.

WestJet a affiché un bénéfice du troisième trimestre de 40 cents par action pour le trimestre clos le 30 septembre, contre celui de 1,15 $ par action de la même période il y a un an.

Les revenus ont totalisé 1,26 milliard pour le plus récent trimestre, ce qui comprend la période de pointe des voyages d'été, comparativement à 1,21 milliard un an plus tôt.

Les analystes tablaient en moyenne sur un bénéfice de 33 cents par action, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon.

La capacité de WestJet - mesurée en sièges-mille disponibles - a augmenté de 9,9 % par rapport au même trimestre de l'année dernière, tandis que le trafic - en passagers-milles payants - a augmenté de 8,6 %.

Son coefficient d'occupation a reculé à 84,6 %, contre 85,7 % l'an dernier.