Même si la prise de contrôle de la C Series par Airbus n'a pas encore été officialisée, les employés de Bombardier vont commencer à en ressentir les premiers effets dès cette fin de semaine.

Dès samedi, Bombardier Aéronautique et la Société en commandite avions C Series poursuivront leurs activités de façon distincte, ce qui viendra changer les habitudes des travailleurs affectés à la C Series et au CRJ qui se côtoient à Mirabel.

Selon un bulletin transmis aux employés de l'avionneur consulté par La Presse canadienne, il y aura une « ségrégation des lieux » et des « zones dédiées à chaque entité légale du site ».

« Chaque entité légale [fonctionnera] de manière distincte l'une de l'autre, peut-on lire dans le document. Il sera important de porter votre carte d'identité en tout temps car elle contrôlera l'accès aux zones de l'entité légale dont vous faites partie et aussi aux zones communes. »

Cela s'ajoutera au logo d'Airbus, qui commence à faire son apparition aux côtés de celui de Bombardier sur les panneaux indicateurs des installations de Mirabel, situées dans les Laurentides.

Quelque 2000 travailleurs affectés à la C Series seront sous l'égide de cette société en commandite, qui sera contrôlée par le géant européen à hauteur de 51 % une fois que le partenariat sera confirmé, ce qui est imminent.

Un porte-parole de Bombardier, Simon Letendre, a expliqué vendredi que les changements qui entreront en vigueur font partie des étapes à franchir afin de conclure l'alliance avec Airbus, ce qui doit se faire avant la fin juin.

« Cela nous permet d'entreprendre dès maintenant la reconfiguration des lieux de travail des employés à Mirabel, a-t-il indiqué par courriel. Tout cela fait partie de notre plan de transition, lequel se déroule tel que prévu. »

Selon l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA), qui représente ces travailleurs, le programme du CRJ mobilise entre 400 et 500 syndiqués sur le site des Laurentides.

Son coordonnateur québécois, David Chartrand, ne s'attend pas à une transition difficile, mais a néanmoins estimé qu'il y aura une période d'adaptation pour les travailleurs.

« Les travailleurs vont continuer à se servir des stationnements et des cafétérias communes, mais pour ce qui est des lieux de travail exclusivement réservés à la C Series, l'accès sera probablement restreint », a-t-il expliqué au cours d'un entretien téléphonique.

Feu vert aux entités

La scission des deux entités peut se faire étant donné que la requête visant à aller de l'avant a été déposée au Tribunal administratif du travail en après-midi.

Cela signifie que l'entente de réciprocité, qui a été approuvée en mars dernier par 92,3 % des membres de l'AIMTA concernés, va entrer en vigueur, confirmant du même coup les deux entités distinctes.

Cette entente prévoit que les travailleurs sur les listes de rappels des deux sociétés seront appelés en priorité pour pourvoir les postes disponibles et des prêts de main-d'oeuvre entre les deux entreprises seront faits afin d'éviter des mises à pied.

Aussi, l'ancienneté pour fin de vacances, les avantages sociaux et l'échelle salariale en cas de transfert d'une entreprise à l'autre devraient être reconnus.

Même s'ils sont répartis sur trois emplacements - Mirabel, Dorval et Saint-Laurent - ces employés sont couverts par le même contrat de travail qui a été conclu entre l'employeur et le syndicat et dont l'échéance est prévue le 30 novembre.

« Nous sommes satisfaits de voir que tout le monde respecte sa parole à propos de l'entente de réciprocité, a indiqué M. Chartrand. On se prépare tranquillement à mettre sur pied nos comités en vue de la négociation. »

À la Bourse de Toronto, l'action de catégorie B de Bombardier a clôturé à 4,37 $, en hausse de huit cents, ou 1,86 %.