Le chef de la direction du Canadien Pacifique, Hunter Harrison, assure qu'il ne sera qu'un «ouvrier» prêt à obéir aux ordres une fois qu'il aura cédé les rênes du transporteur ferroviaire au chef de l'exploitation, Keith Creel, l'an prochain, et qu'il ne jouera plus qu'un rôle de conseiller.

Le CP a annoncé mercredi que M. Creel succéderait à M. Harrison au plus haut poste de direction de l'entreprise à compter du 1er juillet 2017 - une décision qui était largement attendue.

M. Harrison, âgé de 71 ans, a accepté de rester à l'emploi du transporteur de Calgary à la suite de sa retraite officielle en vertu d'un contrat de conseiller d'une durée de trois ans, qui lui interdit de faire affaire avec la concurrence.

«Le conseil a dit «Regarde, nous avons l'occasion d'avoir deux assez bons cheminots pendant une période de transition et ce n'est pas la pire chose au monde'», a raconté M. Harrison lors d'une conférence téléphonique pour discuter des résultats du deuxième trimestre du CP.

«Je ne sais pas à quel point on va faire appel à moi. Je crois que cela doit encore être déterminé. Je suis un ouvrier.»

M. Creel, âgé de 48 ans, a déjà occupé le poste de chef de la direction sur une base intérimaire, ces dernières années, lorsque M. Harrison était absent pour des raisons de santé.

Les deux ont dirigé le Canadien Pacifique pendant ses efforts infructueux pour réaliser l'acquisition de Norfolk Southern. Le CP a finalement abandonné son offre d'environ 30 milliards $ US pour le chemin de fer américain après s'être heurté à la résistance de l'entreprise, de politiciens et de certains clients.

L'an dernier, M. Harrison a reçu une rémunération d'un peu moins de 20 millions $, incluant un salaire de base de 2,8 millions $, d'après des documents réglementaires. M. Creel, qui, comme M. Harrison, est aussi un ancien dirigeant du Canadien National, a mis la main l'an dernier sur une rémunération de 7,5 millions $, incluant un salaire de base de 1,16 million $.

Période de transition

Les changements annoncés surviennent en pleine période de transition pour l'entreprise de 135 ans. Celle-ci a notamment dû effectuer des mises à pied pour s'ajuster au déclin des livraisons.

Sous la gouverne de M. Harrison - qui s'est joint au CP en 2012 après avoir pris sa retraite en tant que chef de la direction du Canadien National trois ans plus tôt -, le transporteur a réduit son effectif de plus de 6000 personnes dans l'espoir d'améliorer son efficacité.

Le CP a indiqué mercredi qu'il comptait 12 033 employés en date du 30 juin, soit 700 de moins qu'au début de l'année et environ 2100 de moins qu'il y a un an. En janvier, le transporteur a évoqué la suppression de 1000 postes cette année - la plupart par attrition.

M. Creel a indiqué que l'entreprise pourrait commencer à embaucher de nouveau plus tard cette année, en particulier si la récolte record de céréales annoncée se concrétise au Canada, ce qui stimulerait ses revenus.

Le Canadien Pacifique a en outre dévoilé mercredi un bénéfice et des revenus en baisse pour son deuxième trimestre.

Le profit net a reculé de 16 % à 328 millions $, par rapport à celui de 390 millions $ de la même période l'an dernier. Le bénéfice par action s'est établi à 2,15 $, alors qu'il avait été de 2,36 $ un an plus tôt.

Les revenus ont diminué de 12 % par rapport au deuxième trimestre de l'an dernier, passant de 1,65 milliard $ à 1,45 milliard $.

Selon le directeur financier du CP, Mark Erceg, les incendies de forêt de Fort McMurray, en Alberta, au mois de mai, ont coûté environ 20 millions $ au transporteur en livraisons perdues. Ils ont aussi entraîné des coûts additionnels d'environ 9 millions $ pour le carburant, les prix ayant grimpé en Alberta à la suite du désastre.

Démission d'un administrateur

Dans un communiqué distinct diffusé tard mardi, le CP a indiqué qu'un des membres de son conseil d'administration avait démissionné. Anthony Melman s'est vu imposer une pénalité pour négligence grossière par la Cour canadienne de l'impôt, après avoir omis de déclarer 18,85 millions $ en revenus de dividendes imposables.

M. Melman, qui était aussi président du comité des finances du CP, avait porté la décision en appel, mais la Cour a confirmé sa décision plus tôt en juillet. Le juge Randall Babcock a statué que M. Melman avait «délibérément fermé les yeux» sur l'omission de ses comptables dans sa déclaration de revenus de 2007.

Dans un bref courriel transmis mercredi, l'avocat de M. Melman, Keith Trussler, a indiqué que son client était en désaccord avec la cour et qu'il avait l'intention de contester sa décision.

M. Melman s'est joint au conseil du CP en 2012 et a aussi été membre du comité de vérification du transporteur. Il est un ancien directeur général de la société de portefeuille Onex et un ancien vice-président principal de la Banque CIBC, selon les documents déposés auprès des autorités réglementaires.