Swiss International Air Lines ne fera pas faire l'entretien lourd de ses appareils C Series au Québec, a indiqué hier le transporteur, client de lancement de la nouvelle famille d'avions de Bombardier.

La filiale du géant allemand Lufthansa ne rejoindra donc pas Air Canada, un de ses partenaires au sein de Star Alliance, qui s'est engagé en février à collaborer à la mise sur pied au Québec d'un centre d'entretien lourd pour les appareils C Series. Air Canada, qui a signé une lettre d'intention pour 45 avions CS300, s'est engagé à confier à ce centre l'entretien lourd de ces appareils en échange d'un abandon des poursuites du gouvernement du Québec dans le litige Aveos.

Faire l'entretien lourd d'avions en Amérique du Nord ne serait pas optimal pour Swiss, a expliqué hier à La Presse le pilote Peter Koch, l'un des responsables de l'entrée en service de la C Series au sein de la compagnie aérienne.

« Il faudrait faire voler les avions au-dessus de l'Atlantique Nord et ce serait un peu trop loin. Ce serait possible en principe, mais sur le plan des coûts, ça ne serait pas l'idéal. »

Swiss envisage de confier cette tâche à une entreprise néerlandaise approuvée par Bombardier.

Pour l'instant, Air Canada est le seul acheteur d'avions C Series qui s'est engagé à faire l'entretien lourd de ces appareils au Québec. La ministre de l'Économie, Dominique Anglade, a reconnu hier que le gouvernement n'avait pas « parlé directement » avec Delta Air Lines, qui a commandé 65 avions CS100, quant à ses intentions à l'égard de l'entretien lourd.

« Depuis le départ, ce que l'on dit, c'est que la création du centre de maintenance [...], ce n'est pas seulement pour Air Canada, mais pour l'ensemble des joueurs qui vont faire partie de la C Series », a déclaré la ministre à Québec.

Pas de mauvaise surprise

M. Koch et le chef technique de Swiss, Peter Wojahn, sont au Québec ces jours-ci pour accompagner un groupe de journalistes suisses et allemands venus visiter l'usine de la C Series à Mirabel. Le CS100 doit obtenir sa certification européenne à la mi-juin et effectuer son premier vol commercial chez Swiss le 15 juillet. Le transporteur s'attend à recevoir neuf appareils d'ici la fin de l'année. Les 21 autres suivront jusqu'en 2018.

Swiss a été le tout premier client de la C Series, ayant passé sa commande en 2009. En utilisant notamment des logiciels de réalité virtuelle, Bombardier a consulté la compagnie aérienne pendant toute la phase de développement, tant au sujet de composants cruciaux comme le poste de pilotage que d'éléments plus secondaires comme les plateaux pour aliments.

Le retard de deux ans dans la conception de la C Series a contraint Swiss à prolonger la vie de ses jets régionaux Avro, qui datent des années 90. « Il est préférable d'attendre un peu plus longtemps pour mettre en exploitation un produit mature que de l'obtenir trop tôt », a estimé Peter Koch, en refusant de dire si Swiss allait demander un dédommagement à Bombardier.

M. Koch a assuré que jusqu'ici, la C Series n'avait réservé aucune mauvaise surprise à Swiss, et ce, en dépit du fait que les vols d'évaluation d'itinéraire ont eu lieu en mars, alors que l'hiver s'éternisait à Zurich.

Swiss se sent moins seul à bord de la C Series depuis qu'Air Canada et Delta se sont ajoutés à une liste de clients qui était, jusque-là, plutôt courte. « Nous avons hâte que ces grands transporteurs participent à nos ateliers de formation », a lancé Peter Koch.

« Du point de vue d'un pilote, il est évident que l'approche retenue par Bombardier pour la conception de la C Series, soit de partir de zéro plutôt que d'un avion existant, a permis de créer un produit idéal, a-t-il soutenu. C'est un merveilleux outil à piloter. »

- Avec La Presse Canadienne