La haute technologie de la C Series pourrait en partie expliquer pourquoi Bombardier tarde à accumuler les commandes pour son nouvel avion, croit le président de Delta Air Lines, Ed Bastian.

Selon lui, les coûts de production associés à un tel niveau d'ingénierie empêchent la multinationale québécoise de vendre ses appareils à des prix attrayants.

«Je crois que c'est un des défis auxquels (l'entreprise) fait face d'un point de vue marketing et d'être capable d'obtenir un prix de vente pour payer l'ingénierie», a-t-il dit.

Le président de Delta y est allé de cette remarque alors qu'il était questionné, mardi, à l'occasion d'une conférence destinée aux investisseurs organisée par la banque américaine JP Morgan à New York.

Cela ne l'a toutefois pas empêché d'encenser la C Series en affirmant que l'avion est capable de «faire la différence» dans l'industrie, sans toutefois aller jusqu'à dire qu'une commande était imminente.

M. Bastian a précisé que son entreprise «considérait» l'avion pouvant transporter de 110 à 160 passagers, rappelant du même coup que le prix faisait partie des éléments évalués.

«C'est un appareil qui comble un besoin, a dit M. Bastian. Le prix est un facteur important. Nous poursuivons (notre évaluation) et nous vous tiendrons au courant.»

De son côté, une porte-parole de Bombardier, Marianella de la Barrera, a affirmé que le prix de la C Series était concurrentiel.

«C'est le bon mélange de technologie et c'est un avion qui est bien positionné pour les 20 prochaines années, a-t-elle expliqué au cours d'un entretien téléphonique. C'est pour cette raison que plusieurs compagnies aériennes analysent l'avion.»

Delta cherche à rajeunir sa flotte d'appareils monocouloirs au cours des cinq prochaines années, notamment en remplaçant environ 120 avions McDonnell Douglas 180.

Ce n'est pas la première fois que le transporteur américain vante la C Series. En janvier, son chef de la direction, Richard Anderson, avait qualifié l'avion de «plutôt impressionnant».

Un peu avant Noël, Bombardier avait fait voler un CS100 à Atlanta, où se trouve le siège social de Delta, afin de présenter l'appareil à la compagnie dans le cadre d'une tournée menée auprès d'autres compagnies aériennes.

C'est aussi le prix qui a incité Air Canada à signer une lettre d'intention pour une commande ferme de 45 CS300 assortie d'options pour 30 avions supplémentaires, a expliqué son président et chef de la direction, Calin Rovinescu, au cours de la même conférence.

«Nous avons obtenu un bon prix», a-t-il répondu, lorsque questionné sur les raisons qui ont incité le transporteur aérien à acheter des C Series.

Au prix catalogue, la valeur de la commande ferme est estimée à 3,8 milliards US, mais la majorité des analystes s'entendent pour dire qu'Air Canada a obtenu un rabais significatif.

Les livraisons devraient débuter à la fin de 2019 pour s'échelonner jusqu'en 2022. Les CS300 doivent remplacer une partie des 45 avions E190 d'Embraer actuellement exploités par Air Canada.

Toutefois, M. Rovinescu a affirmé que le transporteur aérien était en mesure de repousser les livraisons de certains nouveaux avions si les conditions du marché se détériorent.

En tenant compte de la lettre d'intention d'Air Canada, le carnet de commandes de la CSeries comptera 288 engagements fermes, soit tout près de l'objectif de 300 avions fixé par Bombardier d'ici l'entrée en service du CS100 au mois de juin.

La décision récente de Republic Airways Holding de se placer à l'abri de ses créanciers soulève néanmoins des doutes quant à la commande ferme de 40 appareils CS300 passée en 2010 au coût de 3 milliards US et assortie d'options pour 40 autres avions.

À la Bourse de Toronto, l'action de Bombardier a retraité de 10,32 %, ou 13 cents, pour terminer la séance à 1,13 $.