Boeing a affiché jeudi son optimisme persistant sur la vigueur du marché aéronautique mondial dans les 20 prochaines années, et estimé à 38 050 avions neufs les besoins des compagnies aériennes sur cette période.

Ces appareils représenteraient une valeur de 5600 milliards de dollars, selon l'avionneur américain qui a révélé ses nouvelles projections quatre jours avant l'ouverture du 51e Salon de l'aéronautique et de l'espace du Bourget.

Boeing révise ainsi en hausse de 3,5% ses perspectives à 20 ans. Les précédentes, publiées en juillet 2014, évaluaient à 36 770 nouveaux avions les besoins des compagnies sur 20 ans, soit quelque 5200 milliards de dollars, ce qui représentait déjà une hausse de 4,2% par rapport aux projections de 2013.

«Sur 20 ans, la flotte d'avions commerciaux va doubler, passant de 21 600 appareils en 2014 à 43 560 en 2034. Sur les 38 050 avions qui seront livrés durant cette période, 58% permettront de répondre à cette croissance», a affirmé Boeing dans un communiqué.

Pour l'entreprise de Seattle, «le transport de passagers va poursuivre sa progression à un rythme annuel d'environ 4,9%, proche de la tendance historique de 5%». En outre, «en ce qui concerne le fret, le marché va progresser au rythme d'environ 4,7% par an».

«Cette année, à peu près trois milliards de personnes voyageront par avion, et en 2034, ce chiffre aura augmenté à sept milliards», a prédit Randy Tinseth, vice-président chargé du marketing chez Boeing.

Les appareils monocouloirs, c'est-à-dire les moyen-courriers comme les Airbus A320 et les Boeing 737, devraient toujours représenter la grande majorité de la demande dans les 20 prochaines années, selon le géant américain.

Au total, «26 730 avions-monocouloirs seront nécessaires au cours des deux prochaines décennies. Ces avions constituent le socle de la flotte mondiale: ils transportent jusqu'à 75% des passagers sur plus de 70% des lignes commerciales exploitées dans le monde», a expliqué Boeing.

Appétit de l'Asie-Pacifique 

De même source, «ce secteur est nourri par l'essor des compagnies low-cost et des compagnies traditionnelles sur les marchés émergents et en voie de développement».

De fait, l'Asie-Pacifique devrait se tailler la part du lion (quelque 40%) en terme de livraisons d'ici à 2034, avec 14 330 appareils, selon M. Tinseth. «La moitié de cette demande proviendra de Chine», a-t-il affirmé lors d'une conférence téléphonique.

Quelque 7890 appareils seront absorbés par le marché nord-américain et 7310 par l'Europe, a encore indiqué Boeing, tandis que le Moyen-Orient et l'Amérique latine suivront avec respectivement 3180 et 3020 avions neufs.

L'avionneur affirme en outre que «le segment des avions long-courriers nécessitera 8830 nouveaux appareils, et sera dominé par les long-courriers de moyenne capacité comptant de 200 à 300 places». Le Moyen-Orient sera la région qui demandera le plus de long-courriers, tandis que l'Asie consommera surtout des moyen-courriers et l'Amérique du Nord des avions régionaux, selon M. Tinseth.

«Ces chiffres sont importants, et souvent on entend des doutes» à leur sujet, a concédé M. Tinseth. Mais «nos prévisions ont tendance à être pessimistes, et nous sommes sur le chemin de concrétiser ces prévisions», a-t-il affirmé.

Il en a voulu pour preuve le fait qu'à l'heure actuelle, le carnet de commandes (tous constructeurs confondus) atteint presque 14 000 appareils, ce qui représente «environ 35% des prévisions» à 20 ans.

Les chiffres totaux de Boeing sont plus élevés que ceux de son rival européen Airbus, qui lors de la publication de ses perspectives de marché à 20 ans en septembre 2014, avait évalué les besoins à 31 400 nouveaux avions de passagers et de fret.

Airbus, qui estimait la croissance du trafic à 4,7% par an sur deux décennies, avait dit penser que la flotte d'appareils atteindrait 37 500 en 2033.

Mais la base de calcul de l'avionneur européen diffère de celle de Boeing: elle prend seulement en compte les appareils de 100 places et plus, tandis que la firme américaine inclut les avions régionaux à réaction de 30 passagers et plus, selon M. Tinseth.