Le gouvernement du Québec et le Fonds de solidarité FTQ financeront près des deux tiers de l'investissement de 30 millions $ qui permettra à la firme britannique A J Walter Aviation (AJW) de reprendre une partie des activités de l'entreprise de maintenance Aveos, qui a fait faillite l'an dernier.

En conférence de presse dans les anciennes installations d'Aveos acquises par AJW en septembre, le ministre des Finances et de l'Économie, Nicolas Marceau, a annoncé que Québec accordait une subvention de 3 millions $ et un prêt de 4 millions $ à l'entreprise.

De son côté, le Fonds FTQ consentira un prêt non garanti d'une valeur maximale de 12 millions $.

«On prend vraiment un risque important, mais on sait ce qu'on fait, ça fait 30 ans qu'on fait ça», a commenté le PDG du Fonds, Yvon Bolduc, encore ébranlé par la décision d'Ottawa d'éliminer progressivement le crédit d'impôt fédéral dont il bénéficie.

L'entreprise installera à Montréal une nouvelle division, AJW Technique, qui se spécialisera dans l'entretien et la réparation de pièces d'avion.

AJW prévoit créer de 200 à 300 emplois à Montréal au cours des trois prochaines années. De la cinquantaine de travailleurs déjà à pied d'oeuvre, la majorité sont d'anciens employés d'Aveos.

La fermeture abrupte d'Aveos, en mars 2012, avait entraîné la mise à pied de 1800 travailleurs à Montréal.

AJW possède un stock de 400 000 pièces de rechange, d'une valeur de près de 500 millions $, qu'elle loue à des exploitants d'avions civils Airbus et Boeing. AJW Technique effectuera à Montréal l'entretien et la réparation de ces pièces, un travail que l'entreprise confiait jusqu'ici à des sous-traitants.

Greg Martin, vice-président aux ventes et au marketing d'AJW Technique, évalue ce marché à plus de 9 milliards $ à l'échelle mondiale.

AJW compte plus de 800 clients à l'heure actuelle. Avec ses nouvelles installations montréalaises, l'entreprise entend mieux desservir le marché nord-américain. Elle souhaite également s'ouvrir aux marchés des hélicoptères, des jets d'affaires, des avions régionaux et des appareils militaires.

Air Canada comme client?

Le grand patron d'AJW, Christopher Whiteside, a indiqué jeudi avoir récemment rencontré des représentants d'Air Canada [[|ticker sym='T.AC.B'|]] dans l'espoir de conclure un contrat de gestion des pièces de rechange.

«Ils devraient être (un important client d'AJW Technique), mais cela pourrait prendre du temps», a affirmé M. Whiteside.

Le dirigeant a rappelé que Lufthansa Technik, filiale du transporteur national allemand, un proche partenaire d'Air Canada, avait tenté de mettre la main sur les actifs d'Aveos avidement convoités par AJW.

Rappelons qu'une diminution du travail confié à Aveos par Air Canada a précipité la faillite de l'entreprise de maintenance. Les tâches qui étaient effectuées par Aveos le sont maintenant par des firmes du Québec, des États-Unis, d'Israël et de Singapour.

Dans sa plus récente notice annuelle, Air Canada soutient que les contrats conclus avec ces fournisseurs de service «aux taux du marché (...) ont entraîné des économies unitaires significatives ainsi que l'amélioration du temps de rotation des appareils».

Une autre division d'Aveos, celle chargée de l'entretien des moteurs, a été reprise par Lockheed Martin. Le géant américain prévoit embaucher une centaine de travailleurs à Montréal en 2013.

Le ministre des Relations internationales, Jean-François Lisée, qui est aussi responsable de la région de Montréal, a prédit que la grande majorité des ex-employés québécois d'Aveos allaient se replacer à moyen terme. Il a soutenu que l'industrie aéronautique montréalaise allait avoir besoin de 5300 travailleurs cette année et que le taux de chômage du secteur était d'à peine 1,1 pour cent.

De son côté, le ministre Marceau a assuré que l'aide gouvernementale apportée à AJW n'allait pas nuire à la poursuite intentée par Québec dans le but d'obliger Air Canada à faire faire ses activités de maintenance lourde au pays. En février, la Cour supérieure a donné raison au gouvernement, mais Air Canada a porté le jugement en appel.

L'action d'Air Canada a clôturé à 3,26 $ jeudi, en baisse de 0,3 pour cent, à la Bourse de Toronto.