Trop lourde, la congestion routière dans la région de Montréal? Les Montréalais, automobilistes et camionneurs, ne sont plus les seuls à le dire.

En fait, Montréal vient d'obtenir la pire cote parmi les principales villes nord-américaines pour la durée des déplacements durant les heures de pointe.

Pire même que des villes à la congestion notoire comme Los Angeles, New York et Toronto, selon le dernier relevé annuel préparé par la firme néerlandaise TomTom, fournisseur d'appareils électroniques de guidage routier.

Selon ce relevé, les déplacements dans la région de Montréal prennent maintenant 40 minutes de plus qu'ils ne devraient par heure de conduite, en période de pointe.

C'est 2 minutes de plus que dans la région de Los Angeles, 3 minutes de plus qu'à Toronto et 12 de plus que dans la région de New York.

La région de Montréal obtient aussi une cote peu reluisante quant à «l'indice de congestion routière» établi par TomTom. Cet indice est un amalgame de mesures de circulation à des heures diverses (pointe et hors pointe), sur des autoroutes et des routes secondaires.

Selon cet indice, Montréal se trouve au quatrième rang des villes où la congestion routière est la pire parmi les 26 principales régions métropolitaines en Amérique du Nord.

Sans surprise, Los Angeles est au premier rang, suivi de Vancouver et de San Francisco. Au quatrième rang, Montréal se trouve en pire position que des régions métropolitaines pourtant beaucoup plus populeuses, comme Toronto, New York, Chicago et Miami, notamment.

Bref, comparés aux autres citadins du continent, les automobilistes et camionneurs montréalais semblent avoir de bonnes raisons de maugréer contre la congestion.

«Je ne suis pas très surpris de ce constat. De plus en plus de nos membres camionneurs se plaignent de ce que la congestion à Montréal complique beaucoup la gestion des effectifs et des horaires, ce qui augmente les coûts d'exploitation, commente Marc Cadieux, président de l'Association du camionnage du Québec.

«En moyenne, dans la région de Montréal, les camionneurs ont besoin de deux à trois heures de plus pour faire le même nombre de trajets qu'avant. Quand on considère qu'un camion coûte de 75 à 85$ l'heure, ces retards sont très coûteux pour les transporteurs mais aussi pour leurs clients et toute l'économie.»

Selon M. Cadieux, les firmes de camionnage interurbain constatent aussi que la congestion routière est plus difficile à gérer à Montréal qu'à Toronto ou à New York.

Parmi les automobilistes, les relevés d'opinion du CAA-Québec parmi ses membres confirment aussi l'impact de la congestion sur la durée des déplacements.

Jusqu'à 30 minutes de plus en moyenne pour plus de la moitié des membres dans la région de Montréal, selon les plus récents résultats.

En contrepartie, souligne Cédric Essiminy, porte-parole du CAA-Québec, les automobilistes montréalais tempèrent leur mécontentement envers la congestion avec la quantité de chantiers routiers dans la région.

«C'est considéré comme un mal nécessaire, après des années de manque d'entretien et d'investissement dans le réseau routier», commente M. Essiminy.

En effet, les chantiers routiers d'importance sont nombreux depuis trois ans dans la région métropolitaine - une quinzaine sur les seuls liens autoroutiers - et d'autres encore plus encombrants restent à venir, comme le remplacement de l'échangeur Turcot et du pont Champlain.

Et pour empirer la situation, la coordination de ces chantiers afin d'en minimiser l'impact sur la circulation serait encore trop déficiente à Montréal comparativement à d'autres régions métropolitaines.

«C'est cauchemardesque par moment. On effectue encore trop de travaux et de fermetures de voies de circulation durant les heures de pointe, au lieu des heures nocturnes comme ça se fait ailleurs», déplore Ottavio Galella, président de la firme d'analyse Consultants Trafix, de Montréal.

Du côté des camionneurs, on souhaite aussi une meilleure coordination des principaux chantiers afin de réduire la congestion.

«Par exemple, le ministère des Transports demande aux camionneurs de limiter leurs déplacements durant les heures de pointe. Ils le voudraient bien, mais c'est difficile quand ces mêmes routes sont ensuite fermées pendant des heures pour effectuer des travaux», dit Marc Cadieux, de l'Association du camionnage.

Néanmoins, l'avancement de certains chantiers suscite des espoirs chez les camionneurs, qui pourront éviter la congestion presque permanente sur des autoroutes majeures de l'île de Montréal.

Selon Marc Cadieux, l'ouverture prochaine du nouveau tronçon de l'autoroute 30 sur la Rive-Sud, jusqu'au nouveau pont fluvial de Valleyfield, ouvrira une importante voie de contournement.

«Ça devrait détourner quelques milliers de camions par jour du pont Champlain et des autoroutes de l'île de Montréal. Ça soulagera la congestion dans ce secteur, avant le grand chantier de l'échangeur Turcot, pour autant que le péage du pont de Valleyfield ne soit pas trop cher et dissuasif pour les camionneurs.»