Bombardier (T.BBD.B) a joué le grand jeu hier à Calgary pour convaincre WestJet (WJA) d'adopter le turbopropulseur Q400 pour sa nouvelle filiale régionale.

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Aujourd'hui, ce sera au tour du principal concurrent de Bombardier dans le segment des turbopropulseurs, ATR (avions de transport régional), de faire la cour à WestJet.

L'enjeu est de taille: WestJet veut commander 40 turbopropulseurs pour sa nouvelle ligne aérienne régionale.

«Cette commande sera probablement une des plus importantes de l'année 2012 dans le segment des turbopropulseurs, écrit l'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale. Elle pourrait être cruciale pour le maintien de la cadence de production du Q400 en 2013 et au-delà.»

Bombardier assemble le Q400 à son usine de Havilland, en banlieue de Toronto. Plusieurs fournisseurs québécois participent au programme, comme Pratt & Whitney Canada, Sonaca NMF Canada et Avior Produits intégrés.

La carte du patriotisme

Bombardier n'a pas pris de risque. L'avionneur a entièrement repeint un appareil Q400 pour faire valoir son origine canadienne. On peut notamment lire sur sa queue: «Proudly made in Canada and flying everywhere» (Fièrement construit au Canada et exploité partout), un message agrémenté d'une feuille d'érable rouge.

Bombardier a pris soin de choisir un natif de Calgary pour piloter l'appareil jusqu'à la métropole albertaine mardi. Dans une vidéo préparée par Bombardier et distribuée par Twitter, on voit le pilote monter à bord de l'appareil avec des bottes western aux pieds. Plus tard, il coiffe un chapeau de cowboy avant de prendre les commandes.

Hier, Bombardier a effectué un vol d'essai au dessus de Calgary pour faire valoir les caractéristiques du Q400.

ATR n'a cependant pas l'intention de laisser passer l'occasion. L'avionneur, une coentreprise formée par le géant français EADS et la société italienne Alenia, a dépêché un appareil ATR 72-600 de Toulouse en direction de Calgary cette semaine. C'est aujourd'hui que l'appareil sera présenté aux gens de WestJet et qu'il fera un vol d'essai.

Le porte-parole d'ATR, David Vargas, a soutenu que les coûts d'exploitation de l'ATR 72-600 sont imbattables.

«Un Q400 coûte un 20% de plus par vol, a-t-il indiqué dans un courriel à La Presse Affaires. Si on projette cela sur les opérations d'une flotte de 40 appareils sur un an, les économies en frais d'exploitation pour la compagnie dépassent les 30 millions de dollars. En outre, d'un point de vue environnemental, ces mêmes 40 ATR 72-600 permettent d'économiser près de 90 millions de tonnes de CO2 émises sur la même période.»

Cameron Doerksen s'attend à ce que la course soit serrée entre Bombardier et ATR, mais que WestJet finira quand même par choisir l'avionneur canadien. Il explique que le Q400 est plus rapide et qu'il a un plus grand rayon d'action que l'ATR 72-600. Or, plusieurs liaisons de la nouvelle filiale régionale de WestJet devraient être assez longues.

La consommation

Le fait que le Q400 consomme plus que l'ATR ne serait pas un désavantage majeur pour WestJet parce que les concurrents de l'avionneur, Air Canada et Porter Airlines, exploitent également des Q400.

L'analyste ajoute que WestJet n'aurait pas à attendre longtemps pour recevoir ses appareils Q400, le carnet de commandes de Bombardier étant beaucoup plus mince que celui d'ATR.

WestJet veut commencer à prendre livraison de ses nouveaux turbopropulseurs en 2013.