L'agitation politique et sociale qui secoue des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord profite aux ambitions d'affaires de la firme de sécurité montréalaise Garda (T.GW) dans cette région du monde.

Au point où, dans ses résultats financiers publiés hier, Garda affiche une croissance exceptionnelle de 67% des revenus de sa division des «marchés émergents» pour la période de trois mois terminée le 31 janvier. Et pour tout l'exercice 2010-2011, cette division très centrée au Moyen-Orient a vu ses revenus grossir de 45%, ce qui est cinq fois plus que la croissance des revenus de toute l'entreprise.

«Avec tout ce qui se passe dans cette région, ça provoque de l'instabilité qui nécessite beaucoup plus de services de sécurité. Pour une entreprise comme la nôtre, qu'on le veuille ou non, ce n'est certainement pas négatif», a confirmé Stéphane Crétier, président et chef de la direction de Garda, au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

«Les événements récents au Moyen-Orient nous ouvrent des portes dans des marchés où nous n'imaginions pas mettre les pieds un jour. En Égypte, par exemple, ce pays n'était même pas dans parmi le top-5 de nos priorités. Mais, du jour au lendemain, nous avons dû y aller pour assister des clients, a expliqué M. Crétier.

«Nous avons maintenant une opération en Égypte, mais nous ne savons pas encore si nous pourrons nous y maintenir à plus long terme. Ça demeure tout de même un marché à haut risque», a-t-il poursuivi.

Ailleurs au Moyen-Orient, Garda avait déjà des activités au Yémen où, là aussi, des problèmes politiques ont accru la demande en services de sécurité.

En Irak, premier marché de Garda au Moyen-Orient, sa clientèle se développe de plus en plus du nord vers le sud du pays.

Pour le moment, la division des «marchés émergents» de Garda, avec ses quelque 120 millions de revenus, représente seulement 10% du chiffre d'affaires de 1,12 milliard par année. Cette division regroupe quelque 5000 salariés et contractuels.

Mais, selon Stéphane Crétier, avec la multiplication des occasions d'affaires au Moyen-Orient, cette division des marchés émergents pourrait doubler de taille au-delà des 200 millions de revenus «d'ici trois ans».

Entre-temps, les deux principaux secteurs d'affaires de Garda en Amérique du Nord - le transport de valeurs et le gardiennage de sécurité - continuent de performer de mieux en mieux.

C'est ce qui a mené Garda au meilleur bénéfice annuel de son histoire à son exercice 2010-2011: 28,5 millions, comparativement à des pertes nettes de 35,2 millions un il y a un an et à 98 millions deux ans plus tôt.

Au quatrième trimestre seulement, le bénéfice de Garda s'est élevé à 10,7 millions par rapport à une lourde perte l'année précédente.

«Nous avons une machine qui est bien huilée, et dont les résultats d'exploitation dépassent ceux de nos principaux concurrents. Notre principal défi est de continuer en ce sens, tout en demeurant attentif aux occasions d'expansion interne et par acquisitions», a indiqué Stéphane Crétier, grnd patron de Garda.

Selon l'analyste Hughes Bourgeois, de la Financière Banque Nationale, Garda a en effet terminé son exercice avec des «résultats solides» au quatrième trimestre.

Il recommande l'achat des actions de Garda avec une perspective de «surperformance de marché» et un prix cible de 11,25$ d'ici un an.

Mais déjà, hier, les investisseurs boursiers ont manifesté leur appréciation envers les bons résultats de fin d'exercice de Garda. Ils ont poussé ses actions en hausse de 5%, à 10,63$, en fermeture à Toronto.

Ce sursaut rehausse à 14% le rendement boursier de Garda depuis le début de l'année, ce qui est trois fois plus que l'indice de marché TSX/S&P.