Ça brasse au Moyen-Orient pour Garda (T.GW). Pendant que ses opérations sont menacées en Afghanistan, où le président veut interdire les firmes de sécurité privées, en Irak c'est le retrait des soldats américains et la reprise des activités pétrolières qui créent au contraire des occasions de croissance.

En Afghanistan, le président Hamid Karzaï a annoncé la semaine dernière qu'il donnait quatre mois aux firmes de sécurité privées pour cesser leurs activités.

Le président souhaite que les quelque 40 000 employés des firmes privées, surtout recrutés parmi la population irakienne, rejoignent les forces de l'armée et de la police nationales.

Retour de Kaboul

«Nous avons toutes les intentions de rester», a pourtant affirmé à La Presse Affaires Oliver Westmacott, président et chef de l'exploitation de l'unité d'affaires Garda World, joint alors qu'il revenait justement de Kaboul pour tenter d'y voir clair dans le message du président Karzaï. Garda emploie exactement 500 personnes en Afghanistan, soit le nombre maximal permis par le gouvernement afghan.

«Notre habileté à fournir des services de sécurité est un préalable essentiel à la présence de nos clients en Afghanistan, continue M. Westmacott. Nos 15 clients sont tous sans exception des agences américaines pour le développement international. Si nous ne sommes pas là pour les protéger, elles ne peuvent tout simplement pas rester dans le pays.»

Si ce n'est pas la première fois que le gouvernement afghan tente de mettre des bâtons dans les roues des agences de sécurité privées, le message de la semaine dernière est certainement le plus fort jamais lancé, admet M.Westmacott. Selon lui, les élections parlementaires, prévues le mois prochain dans le pays, n'y sont pas étrangères.

«Je crois que le gouvernement en place est clairement préoccupé par l'idée d'une supervision - ou ce qu'il perçoit comme une intervention - dans les élections. C'est un genre de tactique de négociation politique pour essayer d'obtenir des concessions dans le processus électoral», croit M. Westmacott.

Du même souffle, M. Westmacott admet cependant que le président Karzaï s'attaque à un «problème réel» en visant les firmes de sécurité privées.

«Une très haute proportion de gens sont armés en Afghanistan, explique M. Westmacott. Il y a certaines milices ou «compagnies de sécurité», entre guillemets, qui ne sont pas légitimes et qui comptent un nombre significatif d'hommes.»

Pour l'instant, la stratégie de Garda consiste à s'allier à ses clients pour faire pression sur le gouvernement et l'inciter à séparer le bon grain de l'ivraie dans la jungle de gardes armés présents en Afghanistan.

«Nous nous considérons comme une firme hautement réglementée. Nous faisons régulièrement l'objet de vérifications du ministère de l'Intérieur pour s'assurer que nous respectons les normes. Et nous collaborons totalement avec le gouvernement, puisque nos clients sont exclusivement des organisations qui supportent les efforts de paix dans le pays», dit M. Westmacott.

Pendant ce temps, en Irak...

Pendant ce temps, en Irak, les soldats américains qui viennent de quitter le pays laissent un trou que Garda compte combler en partie.

«Pour nous, l'Irak est un marché très intéressant actuellement. Avec le retrait des troupes américaines, il y aura clairement pas mal plus d'occasions pour les firmes de sécurité. Mais ce qui est encore plus significatif, c'est l'énorme croissance que l'on voit du côté de l'industrie du pétrole et du gaz», dit M. Westmacott.

Le haut dirigeant explique que l'amélioration des conditions de sécurité amène actuellement des investissements étrangers en Irak, en particulier de la part des grandes pétrolières. Garda entend leur offrir ses services pour protéger leurs installations et leurs travailleurs, en particulier dans le sud du pays.

«Nous pourrions doubler la taille de nos affaires en Irak d'ici quelques années», dit M. Westmacott, qui précise que Garda emploie actuellement 2000 personnes dans le pays, dont 95% sont Irakiens.