Le recyclage des vieux biréacteurs régionaux de Bombardier est entré dans une nouvelle phase.

Jusqu'à récemment, ces appareils pouvaient se transformer en rutilants avions d'affaires ou entamer une nouvelle vie dans les pays émergents. Dorénavant, ils pourront être démantelés et revendus morceau par morceau sur le marché des pièces. Et Bombardier a l'intention de jouer un rôle important dans cette activité.

«Il y a un surplus d'avions qui ne sont pas dans la meilleure des conditions, indique le vice-président à la gestion des actifs de Bombardier Avions commerciaux, Rod Sheridan, en entrevue avec La Presse Affaires. C'est logique de les démanteler, de remettre les pièces à neuf et de les offrir à un prix raisonnable, ce qui permet aux utilisateurs de réduire leurs coûts d'exploitation.»

«Le démantèlement des avions est une activité qui existe depuis les frères Wright, poursuit-il. Mais nous sommes le premier fabricant à nous engager directement. Si nous ne le faisons pas, quelqu'un d'autre le fera.»

Un biréacteur régional compte environ 1500 pièces réutilisables. Environ 90% de l'appareil peut être recyclé.

Il y a deux mois, Bombardier a fait homologuer ses activités de démantèlement auprès de l'Aircraft Fleet Recycling Association. Il a aussi conclu une entente avec Magellan Aircraft Services pour l'aider à démanteler un premier groupe de 10 appareils.

«Plutôt que de tout créer à l'interne, nous avons regardé du côté de ce qui existait, raconte M. Sheridan. Nous avons examiné cinq entreprises avant de sélectionner Magellan. Ils ont beaucoup d'expérience dans le démantèlement d'appareils de Boeing et d'Airbus et ils sont très bons lorsque vient le temps de placer les moteurs.»

Baisse de popularité

Depuis 1994, Bombardier a livré 1047 biréacteurs régionaux CRJ100, CRJ200 et CRJ440 dans le monde. Il s'agit de versions légèrement différentes du même appareil, qui comporte une cinquantaine de places.

L'avionneur a cessé de le produire en raison de la baisse de popularité des appareils de cette taille.

À l'heure actuelle, une cinquantaine de ces biréacteurs sont offerts sur le marché pour la vente ou la location. C'est à peu près le même nombre que l'année dernière.

«Normalement, de 4 à 6% des appareils d'un même type se retrouvent sur le marché, indique M. Sheridan. Avec 50 avions, le CRJ est dans la zone.»

Sur cette cinquantaine d'appareils, Bombardier en possède une quinzaine. Il s'agit essentiellement de vieux appareils que l'avionneur a repris dans le cadre de nouvelles transactions.

«Ce nombre a diminué au cours des années et nous nous arrangeons pour que cela n'augmente pas», affirme le vice-président à la gestion des actifs.

Non seulement Bombardier doit-il trouver un nouveau foyer à ces avions, mais il veut aussi aider ses clients, surtout les entreprises de financement et de location, à faire de même.

Les baux accordés par plusieurs de ces entreprises viennent à échéance. Et d'autres entreprises doivent reprendre des appareils dans le cadre de restructurations. C'est le cas d'Exportation et Développement Canada (EDC), qui a notamment hérité d'une vingtaine d'appareils de Calm Air et de près de 27 appareils d'Independence Air. Au cours des années, EDC a réussi à les replacer. À l'heure actuelle, la société ne compte plus que trois à quatre appareils disponibles.

Pays émergents

La transformation des biréacteurs régionaux en avions d'affaires a constitué un débouché intéressant. Bombardier a participé à la transformation d'une douzaine d'avions, alors que des tiers, comme Tailwind Aviation et Flying Colours, ont réalisé quelques autres conversions. Mais avec la crise qui a frappé l'aviation d'affaires, cette solution a perdu de la popularité.

«L'intérêt a commencé à revenir, mais ce n'est pas un très grand marché et nous ne prévoyons pas une grande expansion», indique M. Sheridan.

Au fur et à mesure que les CRJ prennent de l'âge, ils deviennent moins intéressants pour une clientèle d'affaires. Par contre, certains ont été transformés pour transporter des cargaisons.

La grande majorité des vieux CRJ ont cependant repris du service dans des pays émergents ou en voie de développement, comme la Russie et le Kenya.