Le gigantesque contrat de 4 milliards US décroché par Bombardier Sifang pour la construction de 80 trains à très grande vitesse en Chine n'aura aucune retombée au Québec. Même pas en ce qui concerne la conception.

En fait, lorsqu'il est question de grande vitesse, le Québec n'est carrément pas dans la course. Même si Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] est un des grands acteurs mondiaux dans le domaine, avec Alstom et Siemens.

«La conception et le développement des trains à très grande vitesse se font principalement de l'autre côté de l'Atlantique ou du Pacifique», a déclaré le porte-parole de Bombardier Transport, Talal Zouaoui.

La raison est simple: les projets de train à très grande vitesse se retrouvent en Europe ou en Asie.

Dans les années 90, une équipe de Bombardier Transport à Saint-Bruno a travaillé au développement de l'Acela, le train à grande vitesse qui relie Washington et Boston. Sa vitesse ne dépasse cependant pas 240 kilomètres à l'heure, comparativement au Zefiro 380, le nouveau train de Bombardier Sifang, qui atteindra 380 kilomètres à l'heure. Et l'Acela n'a pas fait de petits en Amérique du Nord.

«Nous avons des experts ici qui ont travaillé à ce projet et qui font maintenant autre chose, a indiqué M. Zouaoui. Mais ils se maintiennent à jour et se tiennent en contact avec l'équipe de l'autre côté (de l'Atlantique).»

C'est essentiellement en Europe, à son centre d'expertise, que Bombardier a conçu la technologie du Zefiro. C'est toutefois à Qingdao, en Chine, que Bombardier et son partenaire chinois, CSR Sifang Rolling Stock, développeront le projet de Zefiro 380, avec la collaboration de l'équipe européenne. Les trains seront fabriqués par Bombardier Sifang à Qingdao.

Le siège social de Bombardier Transport est situé à Berlin, en Allemagne. Au Québec, la présence de Bombardier Transport se limite à deux établissements: l'usine de fabrication de La Pocatière et le bureau de Saint-Bruno, qui compte 500 employés. On y effectue surtout des tâches administratives, de la gestion de projets, de la gestion d'approvisionnement et de l'ingénierie pour les projets en Amérique du Nord.

Pour l'instant, on parle essentiellement de développement de voitures de métro et de trains de banlieue, mais cela pourrait changer avec les projets de trains à grande vitesse qu'étudient les autorités américaines. Le projet le plus avancé relierait Sacramento, San Francisco, Los Angeles et San Diego, en Californie. Les promoteurs ont toutefois déjà fait savoir qu'ils ne favoriseraient pas Bombardier pour la fabrication des trains parce que l'entreprise n'a pas fourni de services gratuits lors de la révision des études d'ingénierie comme ses concurrents Alstom, la société espagnole CAF et les manufacturiers du shinkansen japonais.

Bombardier aurait plus de chances avec la Floride, qui veut remettre sur les rails un vieux projet de train à grande vitesse entre Tampa et Orlando, le Jet Train, qui devait être manufacturé à l'origine par Bombardier.

Une partie de la conception et du développement de ce train pourrait être effectuée à Saint-Bruno, mais cette proportion dépendrait évidemment des exigences de la Floride en fait de contenu local.

Le travail de conception et développement au Québec serait évidemment plus important pour un projet de train à grande vitesse entre Québec et Windsor, un corridor qui vient de refaire son apparition dans le discours des politiciens. Bombardier Transport pourrait adapter le Zefiro aux exigences des gouvernements et aux conditions locales.

«Nous serions en mesure d'assumer une partie du développement et de la fabrication des véhicules ici, sur place, a assuré M. Zouaoui. Nous sommes très bien positionnés, avec le centre d'ingénierie de Saint-Bruno et l'usine de fabrication de La Pocatière.»

Le titre de Bombardier a gagné 7 cents pour clôturer à 4,93$ hier, à la Bourse de Toronto. L'action avait gagné 29 cents lundi, après l'annonce du contrat de Bombardier Sifang en Chine, un bond de 6,35%.