Le ciel s'assombrit pour l'année 2009 des compagnies aériennes du monde entier, victimes de la crise, comme l'illustrent mercredi les annonces de l'allemande Lufthansa, d'Air France-KLM, de l'américaine Delta et de la hongkongaise Cathay Pacific.

«Le secteur aérien s'apprête à vivre une année parmi les plus difficiles de son histoire. La durée et l'ampleur de la crise économique ne sont pas prévisibles», a constaté Lufthansa, lors de sa conférence de presse-bilan, après avoir vu son bénéfice net fondre de 64% en 2008.Le transport aérien compte parmi les secteurs les plus rapidement touchés par le ralentissement de l'économie. En raison de la contraction du commerce mondial, l'activité de fret a dégringolé de 23,2% en janvier sur un an, une chute sans précédent, selon l'Association internationale du transport aérien (IATA).

Le trafic passager souffre aussi, accusant une baisse de 5,6% en janvier, selon IATA - représentant 230 compagnies, soit 93% du trafic aérien international.

La clientèle très lucrative des hommes d'affaires renonce de plus en plus à voyager ou vole désormais en classe économique, car les entreprises rechignent de plus en plus à la dépense. Et les touristes serrent leurs budgets.

Aucune région du monde n'est épargnée: après une perte nette d'environ 870 millions d'euros, Cathay Pacific (Hong Kong) a ainsi prévu mercredi «une année 2009 extrêmement difficile».

Le même jour, l'irlandaise Aer Lingus a dit craindre d'être à nouveau déficitaire cette année, après une perte nette de 107,8 millions d'euros l'an passé.

Face à cette crise sans précédent, les compagnies réduisent leurs capacités, en clouant des avions au sol, en supprimant des destinations auparavant desservies, ou en réduisant le nombre de fréquences sur certaines liaisons.

Des mesures que la plupart des transporteurs avaient déjà dû prendre après l'effondrement du trafic aérien qui avait suivi les attentats du 11 septembre 2001.

Mardi, deux compagnies américaines ont réduit la voilure: AMR, maison mère d'American Airlines [[|ticker sym='AMR'|]], a confirmé une réduction de 6,5% de ses capacités cette année, dont une baisse de 9% sur les lignes intérieures et de 2,5% à l'international. Et Delta Air Lines [[|ticker sym='DAL'|]] a frappé plus fort en visant une diminution de 10% à l'international.

Mercredi, deux européennes ont fait de même: Lufthansa a annoncé une baisse de 0,5% pour les passagers cette année et la franco-néerlandaise Air France-KLM réduira de 3,4% son offre pour la saison été comparé à la même période de 2008.

Or, ces réductions de l'offre se traduisent par des sureffectifs que les transporteurs risquent de vouloir combattre par des suppressions d'emplois, voire des licenciements.

Delta Air Lines a ainsi fait savoir qu'elle allait «revoir ses besoins en effectifs». «Les programmes de départs volontaires sont toujours notre premier choix quand il s'agit d'ajuster les effectifs», a-t-il dit.

Chez Lufthansa, des mesures de chômage partiel ont déjà été prises dans le fret et le directeur financier Stephan Gemkow n'exclut pas de les étendre à d'autres activités.

L'autrichienne Austrian Airlines a également annoncé la mise au chômage partiel de quelque 2600 employés au sol à compter du 1er avril dans le cadre de son programme d'économies, avant son rachat prévu par Lufthansa.