C'est à Calgary, la métropole d'affaires de l'Ouest canadien, que la Banque Nationale (T.NA) tient aujourd'hui son assemblée annuelle des actionnaires.

Il s'agit d'une première pour la principale banque québécoise. Et de l'aveu de son président, une occasion de se faire valoir dans la région du Canada où la croissance économique et l'enrichissement des ménages sont des plus attrayants.

«Nous voulions combiner notre assemblée des actionnaires avec un exercice de visibilité dans l'Ouest où nous sommes depuis longtemps, mais aussi où notre croissance s'est accélérée ces dernières années, dans des créneaux prioritaires», a résumé Louis Vachon, président et chef de la direction, au cours d'un bref entretien avec La Presse Affaires.

C'était juste avant qu'il se déplace vers Calgary avec les autres membres de la haute direction et du conseil d'administration de la banque. Une série de rencontres d'employés et de clients importants avaient lieu hier, avant l'assemblée d'actionnaires de ce matin.

«Parmi les trois principales acquisitions que nous avons faites depuis quatre ans, la majeure partie de leurs activités est dans l'Ouest. Par ailleurs, c'est évident que notre potentiel de développement lié à la croissance économique régionale est plus important pour nous dans l'Ouest qu'il ne l'est au Québec, où nous sommes déjà très bien implantés avec une marque très forte», souligne M. Vachon.

Toutefois, soucieux de la perception au Québec de ces ambitions de croissance dans l'Ouest, le président de la Banque Nationale s'empresse d'ajouter que ces ambitions «ne sont pas des substituts à notre stratégie au Québec, mais bien un complément».

Pour le moment, les activités dans l'Ouest - de Winnipeg à Victoria - regroupent une quarantaine de places d'affaires et comptent 800 employés. Elles contribuent environ 10% des revenus annuels de la banque, ce qui équivaut à un demi-milliard de dollars.

Cette part a connu un bond de croissance depuis deux ans dans la foulée d'acquisitions d'importance dans la gestion de patrimoine des particuliers.

Cette croissance dans l'Ouest est aussi le principal point d'appui de l'objectif stratégique de la Banque Nationale de rehausser autour de 50% «d'ici quelques années» la part de ses revenus totaux provenant de l'extérieur du Québec, explique Louis Vachon.

En fin d'exercice 2013, cette part se rapprochait de 40% des revenus totaux de la banque. Toutefois, elle variait encore beaucoup selon les secteurs d'activité: à 70% environ dans les «marchés financiers», à 48% pour la «gestion de patrimoine» et à 18% seulement dans les services bancaires aux particuliers et aux entreprises.

Créneaux

Dans l'Ouest, la Banque Nationale concentre ses activités et ses ambitions de croissance dans trois créneaux des services financiers.

Dans le marché des entreprises, la banque et sa filiale boursière, Financière Banque Nationale (FBN), ciblent le financement des producteurs de pétrole et de gaz classiques de taille intermédiaire, ainsi que leurs fournisseurs d'équipements et de services.

Ce créneau découle d'acquisitions effectuées il y a plusieurs années, dont la Banque Mercantile en 1986 et le courtier First Marathon en 1999.

Son plus récent fait d'armes? En mars, FBN a codirigé une émission d'actions de 500 millions de dollars par Whitecap Resources, de Calgary, pour financer un gros achat d'actifs pétroliers et gaziers du géant Imperial Oil (Esso).

Par ailleurs, la Banque Nationale a prêté 8 milliards à des entreprises albertaines en 2013, au deuxième rang provincial après le Québec (35,9 milliards) dans son actif.

«Le secteur pétrolier est l'un des plus actifs pour le marché des capitaux d'affaires au Canada. Et la Banque Nationale [FBN] s'y distingue de plus en plus», indiquait Sumit Malhotra, analyste des banques chez Capitaux Scotia, dans un commentaire récent à l'agence Bloomberg.

Selon l'agence, aussi, la Nationale s'est hissée depuis trois ans parmi les principaux intermédiaires des provinces de l'Ouest pour leurs émissions de titres de dette.

Particuliers

Dans le marché des particuliers, aussi en croissance soutenue dans l'Ouest, la Banque Nationale mise surtout sur des activités liées à la gestion de patrimoine, plutôt que les services bancaires.

Et dans ce grand créneau, elle cible deux secteurs prioritaires: un réseau de conseillers de placement dans les quatre provinces de l'Ouest, ainsi que des services bancaires pour les particuliers fortunés.

Dans ce dernier cas, la Nationale vient d'implanter sa filiale Gestion privée 1859 à Vancouver et à Calgary. Elle l'installera bientôt à Winnipeg.

Dans le marché des conseillers en placement, la Nationale avait effectué un bond de croissance dans l'Ouest il y a deux ans avec les acquisitions à quatre mois d'intervalle de deux sociétés d'importance, pour un coût annoncé proche d'un demi-milliard de dollars.

Ce fut d'abord l'achat du groupe Wellington West, de Winnipeg, avec son réseau de 220 conseillers en placement répartis dans 50 bureaux dans tout l'Ouest, qui regroupaient quelque 68 000 clients et 10 milliards en actifs administrés.

Peu après, la Nationale a acquis la division de conseillers en placement de la Banque HSBC Canada, filiale du géant financier sino-britannique HSBC. Cet actif était constitué d'un réseau de 27 bureaux et de 120 conseillers, avec 14 milliards en actifs administrés.

Deux ans plus tard, Louis Vachon affirme que, comme prévu, ces acquisitions ont permis à la Nationale de rehausser substantiellement sa présence dans la gestion de patrimoine dans tout l'Ouest canadien.

Au point de motiver l'ouverture de succursales bancaires dans certaines villes, ce qui n'aurait pu être justifié auparavant.

Ce fut le cas à Victoria, cite M. Vachon en exemple, «après que nous soyons devenus numéro un dans ce marché [des conseillers en placement] avec l'acquisition de Wellington West».

Pour la suite des ambitions de la Banque Nationale dans l'Ouest, son président dit miser davantage sur la «croissance interne et des parts de marché» plutôt que chercher activement d'autres acquisitions d'importance.

«Après celles que nous avons faites, faut être réaliste: la liste des entreprises intéressantes dans les services financiers qui seraient à vendre est pas mal plus courte qu'elle ne l'a déjà été», selon Louis Vachon.