De l'avis de plusieurs analystes, les banques canadiennes émergent comme des valeurs refuges par rapport à leurs principales homologues d'Europe et des États-Unis qui sont encore aux prises avec une grave crise de confiance, la deuxième en trois ans.

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Si bien que leurs prochains résultats trimestriels, attendus dans quelques jours, s'annoncent comme un véritable baume au milieu des tumultes bancaires transatlantiques.

«Les banques canadiennes sont devenues une belle cachette pour les investisseurs nerveux à l'égard de tout le secteur financier», résume l'analyste John Aiken, spécialiste du secteur financier chez Barclays Capital, à Toronto.

«Comme lors de la crise financière de 2008-2009, les banques canadiennes sont en bien meilleure posture pour connaître une performance supérieure en Bourse, que ce soit en hausse ou en baisse. Et ce, en dépit de l'influence négative provenant du secteur financier américain», a écrit M. Aiken dans une récente note à ses clients-investisseurs.

«La rentabilité des banques canadiennes et leur rendement en dividende pour leurs actionnaires, rendu à 4,5%, demeurent forts malgré le contexte de faible croissance économique. De plus, leur risque lié à la dégradation des dettes souveraines d'Europe et des États-Unis demeure très gérable, dans les circonstances.»

En Bourse, l'attrait des banques canadiennes parmi les investisseurs a déjà produit des résultats pour le moins avantageux.

Certes, leurs actions n'ont pas échappé au sentiment négatif envers le secteur des services financiers depuis quelques semaines.

Mais leur recul de valeur de 7% en moyenne depuis le début de l'année s'avère inférieur de moitié à celui de 13% de l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto, a souligné l'analyste Kevin Choquette, spécialiste du secteur financier chez Capitaux Scotia, dans un billet publié il y a quelques jours.

Par ailleurs, à 7%, le recul boursier moyen des banques canadiennes demeure très inférieur à celui de 25% subi par l'indice mondial MSCI des banques.

L'écart est encore plus marqué par rapport aux cinq plus grandes banques américaines, qui ont reculé d'un tiers de leur valeur en Bourse depuis le début de l'année. De même que les banques suisses (-32%), les banques britanniques (-24%) et les banques australiennes, en recul de 15% depuis le début de l'année.

«Devant cette deuxième crise financière en quelques années, les banques canadiennes se maintiennent plutôt bien en Bourse», constate Kevin Choquette.

Cela dit, malgré le sentiment favorable des investisseurs, les banques canadiennes ne manquent pas de défis pour maintenir de bons résultats devant une conjoncture économique redevenue très délicate dans leur marché principal.

Pour le troisième trimestre, terminé le 31 juillet, les analystes prévoient des bénéfices par action en hausse moyenne de 17% par rapport au même trimestre en 2010.

En dollars, les profits nets de six principales banques canadiennes devraient approcher les 6 milliards, quelque 900 millions de plus que lors du trimestre comparable l'an dernier.

Mais pour la suite, selon les analystes, les banques canadiennes devront être particulièrement compétentes pour gérer leurs coûts d'exploitation dans un contexte de croissance très ralentie, voire nulle, de leurs principaux revenus.

«La capacité de réduire la croissance des dépenses et les autres paramètres d'exploitation dans leurs activités principales au Canada sera un facteur-clé de différenciation parmi les banques canadiennes d'ici la fin de l'année et au cours de 2012», souligne Mario Mendonca, analyste du secteur financier chez CanaccordGenuity, dans son plus récent rapport de perspectives trimestrielles des banques, publié il y a quelques jours.

En contrepartie, les banques canadiennes devraient continuer de profiter de bilans avantageux pour faire face sans trop de heurts à d'éventuelles dépréciations d'actifs qui découleraient d'une détérioration de l'économie.

Aussi, constatent les analystes, les banques canadiennes ont une bonne longueur d'avance financière sur leurs consoeurs d'Europe et des États-Unis pour s'adapter aux nouvelles normes internationales de capitalisation qui découlent de la crise de 2008.