Le gendarme de la Bourse américaine, la SEC, a annoncé mardi qu'il poursuivait un ex-membre du conseil d'administration de Goldman Sachs et de Procter & Gamble, Rajat Gupta, l'accusant d'avoir participé à l'affaire de délit d'initié du fondateur du fonds Galleon Raj Rajaratnam.

«Les administrateurs qui violent le caractère sacré des confidences de la salle du conseil d'administration pour des gains privés devront rendre compte de leurs actions illégales», a fait valoir un responsable de la SEC, Robert Khuzami, cité dans un communiqué de la SEC.

Selon la SEC, «Rajat Gupta, un ami et une relation d'affaires de Rajaratnam, lui fournissait des informations confidentielles apprises durant des téléconférences de conseils d'administration et à d'autres occasions liées à ses fonctions chez Goldman Sachs et Procter & Gamble».

Procter & Gamble a annoncé à la mi-journée que M. Gupta, qui siégeait à son conseil d'administration en 2007, avait immédiatement présenté sa démission avec effet immédiat.

«Il a vigoureusement nié les accusations portées par la SEC contre lui, mais il démissionne dans l'intérêt de la société pour éviter toute distraction pour le conseil d'administration de P&G et nos activités», a indiqué le directeur de la communication du groupe à l'AFP. Ce porte-parole, Paul Fox, a précisé que Procter & Gamble «coopère pleinement» aux enquêtes en cours.

Goldman Sachs avait annoncé dès l'an dernier que M. Gupta quitterait son conseil d'administration car il se savait impliqué dans l'enquête.

Selon la SEC, «Rajaratnam a utilisé les informations confidentielles (fournies par M. Gupta) pour des transactions au nom des fonds à risque de Galleon, ou les a communiquées à d'autres employés de sa société qui s'en sont servis pour leurs transactions avant que les sociétés fassent des annonces publiques», ajoute-t-elle.

«Gupta était à l'époque un investisseur direct ou indirect dans au moins certains de ces fonds à risques de Galleon, et avait potentiellement d'autres relations lucratives avec Rajaratnam», selon la SEC.

Le procès de M. Rajaratnam, arrêté en octobre 2009, devrait s'ouvrir la semaine prochaine à New York. Il est accusé d'avoir profité d'informations confidentielles pour réaliser environ 20 millions $ de profits en Bourse.

Une trentaine de personnes ont déjà plaidé coupable dans cette affaire, et un ancien dirigeant d'IBM, Robert Moffat, a commencé à purger une peine de six mois de prison.

Concernant M. Gupta, la SEC affirme notamment qu'il avait alerté M. Rajaratnam sur un investissement de 5 milliards $ du holding du milliardaire américain Warren Buffett dans la banque américaine Goldman Sachs, avant qu'il soit annoncé en septembre 2008.

«Dans la minute» qui avait suivi la conversation entre les deux hommes, Galleon avait acheté plus de 175 000 titres de la banque d'affaires, sitôt revendus une fois l'investissement de Berkshire Hathaway rendu public, ce qui avait permis au fonds d'empocher «un bénéfice illicite» d'environ 900 000 $.

La SEC évoque un autre incident, en juin 2008, qui aurait vu «des appels téléphoniques en rafale» entre M. Gupta et M. Rajaratnam après que le PDG de Goldman Sachs eut révélé aux membres du conseil d'administration que ses résultats seraient meilleurs qu'escompté. Galleon avait alors acheté de nombreux titres, rapidement cédés après la publication des résultats, pour «un bénéfice illicite» évalué à 13,6 millions $.

Concernant Procter & Gamble, M. Gupta aurait selon la SEC alerté Galleon sur des ventes décevantes pour le quatrième trimestre 2008, permettant de vendre des actions et d'empocher un gain indû de plus de 570 000 $.