Les États-Unis sous-estiment largement le coût qu'entraînera une remise sur pied des géants du financement de l'immobilier Fannie Mae et Freddie Mac, a affirmé jeudi l'agence de notation Standard and Poor's, qui le situe entre 280 et 685 milliards US.

«Standard & Poor's estime que le coût final pour les contribuables pour restructurer Fannie Mae et Freddie Mac pourrait atteindre 280 milliards US, en y incluant les 148 milliards déjà investis», a indiqué l'agence dans une étude.

«Ces 280 milliards, toutefois, pourraient gonfler à 685 milliards US, selon nos estimations, si une nouvelle entité, à laquelle l'État apporterait son capital de départ, était créée pour remplacer Fannie et Freddie», a-t-elle poursuivi.

Ces projections dépassent largement celles de Washington.

En septembre, le Bureau du budget au Congrès, un organisme indépendant des partis, avait estimé que le soutien à «Fannie» et «Freddie» pourrait coûter jusqu'à 53 milliards US d'ici à 2020.

En octobre, leur autorité de régulation, la FHFA, avait projeté grâce à des «tests de résistance» qu'au pire des cas, avec une baisse marquée des prix de l'immobilier, ces deux groupes auraient encore besoin de 215 milliards US d'aide publique.

Ils disposent depuis décembre d'une ligne de crédit illimitée auprès du Trésor. En septembre 2008, l'État les avait mis sous tutelle pour éviter une faillite qui paraissait certaine avec l'accumulation sur leur bilan de prêts immobiliers à des ménages insolvables.

Fannie Mae et Freddie Mac garantissent ou détiennent à eux seuls environ la moitié des prêts immobiliers des États-Unis. Dans les nouveaux prêts, leur part de marché est de l'ordre de 90%.

Leur avenir est très incertain. Le gouvernement travaille actuellement à la rédaction d'un projet de loi, qui doit être déposé au Congrès d'ici à fin janvier, pour définir un nouveau statut.

Mais les élections législatives de mardi ont compliqué la donne: les républicains devraient en effet prendre le contrôle de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, où ils se sont déjà prononcés pour la liquidation pure et simple de Fannie et Freddie. Les démocrates jugent cette solution complètement irréaliste.

Standard & Poor's a estimé jeudi que les finances des deux organismes de crédit devraient rester très précaires à court terme.

«Les problèmes du marché du logement américain sont loin d'être terminés. (...) Malgré des chiffres faisant état d'une stabilisation des retards de paiement sur les prêts chez Fannie et Freddie, nous pensons qu'il y a des incertitudes considérables liées à l'accumulation de stocks de logements invendus, qui a des chances de maintenir des prix bas», a prédit l'agence.

«De plus, nous croyons que Fannie Mae et Freddie Mac continueront à accuser des pertes de crédit sur les portefeuilles de prêts anciens pendant les trois à cinq prochaines années», a-t-elle ajouté.

Les deux organismes ont cumulé 236,6 milliards US de pertes nettes sur les trois dernières années, et ne prévoient pas de retour aux bénéfices dans l'immédiat.