De retour en selle après un quatrième trimestre difficile, GE Capital Canada (GECC), le plus gros prêteur commercial non bancaire au Canada, est de nouveau disposé à prêter. Mais ce sont les emprunteurs qui ne sont plus au rendez-vous.

«C'est clair que nous faisons moins de financement que par les années passées, dit Patrick Palerme, président et chef de la direction de GE Capital Canada, dans une entrevue accordée à La Presse Affaires dans les nouveaux bureaux de la société. Il y a beaucoup de projets sur la glace, les entrepreneurs sont plus frileux, et il y a eu une baisse extraordinaire des achats d'équipement.»

 

C'est donc dire que la situation s'est renversée depuis l'automne, alors que GECC, division canadienne de GE Capital, a été obligée de ralentir ses activités. «Au Canada, le marché de la titrisation s'est effondré, souligne M. Palerme. Il fallait emprunter aux États-Unis, ce qui n'est pas l'idéal.»

«Il a fallu se recentrer, regarder comment diminuer notre ratio de financement qui provient des marchés financiers», ajoute M. Palerme, qui en est à sa cinquième année à la tête de la société.

GECC assure avoir respecté tous ses engagements envers ses clients, mais M. Palerme admet que c'était plus difficile pour ceux qui cognaient à la porte à ce moment.

Mais la situation a repris du mieux en janvier, puis surtout à partir de la fin mars. Le coût des fonds s'est replacé - il faut dire que GE a une cote de crédit de AA".

Patrick Palerme assure que malgré la crise, les normes établies pour le financement ne se sont pas resserrées. «Mais il y a eu une forte détérioration des bilans des entreprises», précise-t-il. De sorte que moins d'entreprises se qualifient.

«Il faut voir comment on peut aider les clients sans se nuire», ajoute-t-il. Les ententes de partenariat avec les gouvernements sont également un autre outil pour aider les entreprises à se financer.

«Un joueur de niche»

GE Capital Canada est «un joueur de niche», comme le décrit son président. Il offre différents types de services spécialisés comme le financement d'équipement, le financement d'avions corporatifs, le financement des franchises, ou la gestion des flottes d'automobiles. En tant que société privée, GECC ne dévoile pas ses chiffres - et le conglomérat General Electric, qui fait tant dans les électroménagers que les turbines hydrauliques, ne dévoile que les résultats consolidés de GE Capital. Mais M. Palerme indique que, dans une année normale (ce qui exclut les années de récession), GECC fournit entre 1,3 et 1,5 milliard en financement au Québec.

Avec la crise, le poids des activités mondiales GE Capital dans la société-mère a diminué fortement. Si les activités de la société de capital représentaient près de 50% du chiffre d'affaires avant la crise, cette proportion est tombée à 30 à 35% maintenant, estime M. Palerme.

À Montréal, GECC a dû réduire son effectif d'une quinzaine de personnes. Environ 170 employés sont basés au siège social de Montréal (GECC compte 600 employés).

Mais M. Palerme assure que la firme est efficace. «On a les coûts d'organisation les plus bas de toutes les divisions de GE Capital», dit-il fièrement, tout en rappelant que GE met de l'avant la méthode de gestion 6 Sigma, qui vise l'amélioration des processus.

«En 1993, ça prenait 48 heures pour financer un camion. Aujourd'hui, il faut 20 minutes.»

GE Capital Canada a inauguré cette semaine ses nouveaux locaux qui occupent deux étages du 1250, boul. René-Lévesque. Auparavant situé à la Place Ville-Marie, GECC a investi 8 millions pour la mise en place du nouveau siège social.