Même s'il craint de voir SNC-Lavalin ciblée par un acheteur étranger, François Legault ne va pas jusqu'à blâmer Ottawa pour son refus d'offrir à la firme d'ingénierie une solution lui permettant de tourner facilement la page sur son passé trouble.

En point de presse à Gatineau, jeudi, où se terminait le caucus des députés de la Coalition avenir Québec, le premier ministre a toutefois invité le gouvernement Trudeau à « évaluer minutieusement » la situation.

« Je ne veux pas perdre ce siège social », a dit M. Legault.

SNC-Lavalin se retrouve dans une situation délicate depuis octobre puisque les procureurs fédéraux refusent de négocier un accord de réparation avec elle afin de mettre de côté les accusations de corruption liées au régime de l'ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi qui pèsent à son endroit.

Ces ententes prévoient généralement le paiement d'une amende salée et une série de conditions à respecter en échange d'un abandon des procédures judiciaires.

La nouvelle avait fait tituber son action et la dégringolade est repartie de plus belle, lundi, avec un plongeon d'environ 28 % à la Bourse de Toronto après que la firme eut indiqué que les tensions diplomatiques entre le Canada et l'Arabie saoudite nuisaient à ses activités.

« Je suis très inquiet, a affirmé M. Legault. SNC-Lavalin devient une cible en raison de la valeur (de l'action) qui est très faible et à cause de cette cause pendante avec Ottawa qui n'aide pas. »

Lorsqu'il lui a été demandé dans quelle mesure Ottawa était responsable des déboires de SNC-Lavalin en raison de son refus de négocier ainsi que de ses positions à l'endroit de l'Arabie saoudite, M. Legault a répondu qu'il ne voulait pas blâmer le gouvernement Trudeau.

Lundi, à Montréal, le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, avait pourtant décoché une flèche à Ottawa en évoquant « l'inaction fédérale sur l'enjeu légal » par rapport à SNC-Lavalin.

Il faut également ajouter des pertes liées à des problèmes entourant un projet minier non précisé ainsi qu'une décision d'arbitrage défavorable entourant un projet en Australie à la liste des problèmes de la multinationale.

Celle-ci a l'intention de comptabiliser une charge de dépréciation après impôts de 1,24 milliard, ou 7,06 $ par action diluée, liée aux activités de son secteur pétrolier et gazier.

En raison des nombreux défis qui se présentent devant SNC-Lavalin, plusieurs analystes ont tempéré leurs perspectives à l'endroit de la firme. Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, a notamment titré dans l'un de ses rapports qu'il se « préparait au pire (tout) en espérant le meilleur » pour la suite des choses.

Plus important actionnaire de SNC-Lavalin avec une participation d'environ 20 %, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) y est allée d'un vote de confiance à l'endroit de l'entreprise, lundi.

Un porte-parole, Maxime Chagnon, avait indiqué que « les soubresauts ponctuels dans le marché » n'ébranlaient pas l'opinion de l'institution à l'égard de la compagnie et de ses « perspectives de performance solide à long terme ».

À la Bourse de Toronto, l'action de SNC-Lavalin a clôturé à 36 587 $, en recul de 69 cents, ou 1,85 %.