Un cadre québécois sur cinq boit trop et affirme souffrir de détresse psychologique, révèle une nouvelle étude d'une chercheuse de l'Université de Montréal.

Et les femmes cadres sont encore plus nombreuses à vivre de la détresse que leurs collègues masculins.

Salima Hamouche a observé ces phénomènes dans le cadre de son doctorat effectué à l'École de relations industrielles. Elle a dévoilé des résultats préliminaires de son étude sur la santé mentale des cadres au Québec.

Plus précisément, elle a constaté que 19,5 % des cadres ayant participé à son étude ont déclaré souffrir de détresse psychologique et que 20,5 % ont admis une consommation d'alcool qui pourrait entraîner une dépendance. Il est encore trop tôt pour dire si ce sont les mêmes personnes qui font partie de ces deux groupes, a souligné en entrevue la chercheuse, qui peaufine sa thèse.

Mme Hamouche a utilisé une base de données constituée entre 2009 et 2012 et en a extrait les déclarations de 307 cadres, sur un échantillon total de 2162 personnes de 63 entreprises québécoises. Le taux de réponse était de 73 %.

D'autres troubles ont aussi été relevés: 11,7 % des cadres québécois ont dit consommer des médicaments psychotropes, 2,3 % éprouver des symptômes d'épuisement professionnel au moins une fois par semaine et 2,9 % présenter des signes de dépression au moment de l'enquête.

La chercheuse qui fait aussi partie de l'équipe de recherche sur le travail et la santé mentale, regroupant des chercheurs de plusieurs universités, note que la détresse psychologique est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Elle observe que les femmes qui montent dans la hiérarchie d'une entreprise font face à une foule de défis pour tenter de briser le plafond de verre. Et qu'elles doivent souvent jongler avec les difficultés liées à la conciliation travail-famille, souligne-t-elle.

«Selon les données préliminaires que nous avons, le fait d'être femme cadre va augmenter le risque de détresse psychologique», tranche-t-elle.

Quant aux facteurs menant à ces troubles de santé mentale, ils sont nombreux, dit-elle, se référant à d'autres études déjà effectuées sur cette question: stress inhérent à ce type de travail, horaires surchargés, de nombreuses responsabilités et d'objectifs à atteindre, la diminution de la sécurité d'emploi, le fait d'être toujours rejoignable hors des heures de bureau et la difficulté de la conciliation du travail et de la vie personnelle ou familiale, énumère-t-elle.