Le Québec a continué d'être en queue de peloton en 2015 en ce qui a trait au revenu disponible par habitant, selon l'Institut de la statistique du Québec (ISQ), mais d'après des données préliminaires, le portrait s'annonce plus encourageant pour 2016.

Si la croissance réelle du revenu disponible par habitant s'est établie à 1,9% en 2015 au Québec - alors qu'elle n'avait été que de 0,4% en 2014 - la province ne se classe qu'au 11e rang, sur un total de 13, à l'échelle nationale. Seuls le Yukon et l'Alberta ont moins bien fait, avec des croissances respectives de 1,4 et 1,1%.

En dollars courants, le revenu des Québécois a été de 26 857 $, un montant inférieur d'environ 5800 $ à la moyenne canadienne. Cette performance est bonne pour le dernier rang, derrière l'Île-du-Prince-Édouard, à 27 280 $. Depuis 2010, ces deux provinces occupent le bas du classement, note l'ISQ.

«Le Canada affiche une meilleure performance en ce qui a trait aux revenus de locations et de revenus nets découlant de la propriété, explique Stéphane Ladouceur, analyste en statistiques économiques régionales à l'ISQ. Au Québec, la rémunération des salariés augmente à la même vitesse que le reste du pays. Le Canada fait toutefois meilleure figure pour d'autres indicateurs.»

En excluant les transferts gouvernementaux comme les prestations d'assurance-emploi, les crédits d'impôt remboursables ou l'aide sociale, l'écart entre le Québec et le Canada aurait été encore plus grand, indique l'agence québécoise de statistiques.

En 2015, les Québécois ont reçu en moyenne 1055 $ de plus en transferts que le reste des Canadiens. Au total, les citoyens québécois ont reçu plus de 51 milliards $ en transferts en 2015. Cette augmentation de 5,2% est principalement attribuable à la bonification de la prestation universelle pour la garde d'enfants.

De plus, l'ISQ note que le bassin de la population en âge de travailler se rétrécit plus rapidement au Québec par rapport à la moyenne nationale, ce qui pèse sur la croissance des revenus.

Entre 2005 et 2015, le poids démographique des personnes âgées entre 15 et 64 ans a fléchi de 2,7% pour s'établir à environ 67%, alors que dans le reste du Canada, le repli a été de 1,1%, à 68%.

«Je trouve que c'est le facteur le plus pertinent pour expliquer la sous-performance du Québec dans les dernières années, a expliqué l'économiste principale au Mouvement Desjardins, Hélène Bégin. Le choc démographique est déjà à l'oeuvre au Québec. Avec moins de gens en âge de travailler, les revenus tirés des salaires vont inévitablement reculer.»

Néanmoins, d'après des données préliminaires, l'année 2016 s'annonce bien meilleure, notamment grâce à la performance du marché de l'emploi, qui a dépassé les attentes avec la création de quelque 36 000 postes.

Pour les trois premiers trimestres de 2016, la croissance des salaires, en dollars constants, était de 3,4% au Québec, a indiqué M. Ladouceur. Le revenu disponible par habitant s'établit ainsi à 27 670 $.

L'économiste principale chez Desjardins qualifie de «revirement» la dernière année, mais elle prévient qu'il y a tout de même loin de la coupe aux lèvres.

«On ne pourra pas effacer le recul des 10 dernières années, qui ont été plus difficiles, avec une seule bonne année», prévient Mme Bégin.

Portrait régional

Par régions, c'est la Capitale-Nationale qui, pour une troisième année consécutive, affiche le revenu par habitant le plus élevé, à 28 279 $, suivie respectivement par la Montérégie ainsi que les Laurentides. Montréal occupe le quatrième rang.

À l'inverse, avec un revenu par habitant disponible de 24 085 $, le Nord-du-Québec occupe la 17e et dernière place du classement québécois.

Le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine arrivent respectivement 15e et 16e. Ces deux régions peuvent néanmoins se réjouir du taux de croissance des revenus. La Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine s'est classée au quatrième rang, avec une progression de 4,2% du revenu disponible par habitant, devant le Bas-Saint-Laurent, qui a affiché une progression de 4%.