La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) voit grand pour son carrefour d'investissement et d'accompagnement des entrepreneurs; elle espère que l'initiative servira de rampe de lancement à une nouvelle génération de fleurons qui joindront les rangs du «Québec inc.».

Situé à la Place Ville-Marie, au coeur du quartier des affaires de Montréal, l'Espace CDPQ, dont la création avait été annoncée l'an dernier alors que l'institution célébrait ses 50 ans, a été officiellement inauguré jeudi.

Avec l'objectif d'accélérer la mondialisation des petites et moyennes entreprises (PME) québécoises, l'endroit regroupe pour l'instant huit investisseurs ainsi que cinq organisations dédiées au développement et à l'accompagnement des entrepreneurs.

À terme, le président et chef de la direction de la CDPQ, Michael Sabia, espère que l'on sera en mesure d'identifier et épauler des sociétés capables de se hisser au rang de multinationales comme Bombardier, Alimentation Couche-Tard et Groupe CGI.

«Oui nous avons les fleurons fondés dans les années 80, a-t-il dit en conférence de presse. Mais il faut travailler avec de nouvelles sociétés, celles qui ont le potentiel de devenir les fleurons de demain.»

À ses côtés, le premier vice-président pour le Québec de la CDPQ, Christian Dubé, a donné comme exemple le concepteur québécois de solutions pour points de vente Lightspeed.

Cette entreprise, dans laquelle la Caisse a déjà investi, ne comptait qu'une trentaine d'employés à Montréal il y a «quatre ou cinq» ans, a-t-il expliqué, comparativement à près de 440 à travers le monde actuellement.

«L'important, pour nous, c'est d'aider ces entreprises à se positionner à l'international», a affirmé M. Dubé.

Questionné, celui-ci n'a pas voulu évoquer un nombre de PME qui pourraient simultanément bénéficier des services offerts par l'entremise de l'Espace CDPQ, affirmant qu'il y avait suffisamment de capital pour en aider «le plus possible».

Président et chef de la direction du Groupe Canam et fondateur de l'École d'entrepreneuriat de Beauce, Marc Dutil, qui était présent au lancement, a surtout salué les mesures destinées à l'accompagnement.

«Je pense que les gens d'expérience peuvent dire à une entreprise de démarrage que les débuts peuvent être difficiles, vous allez être isolés, c'est comme cela, mais si vous êtes mal pris, vous pouvez nous appeler, a-t-il dit au cours d'un entretien. Briser l'isolement, c'est vraiment important.»

Patience avant l'entrée en Bourse

En plus de l'accès à du capital ainsi qu'à des services d'accompagnement, l'Espace CDPQ devrait permettre aux PME sélectionnées de demeurer privées un peu plus longtemps, question de leur permettre de se solidifier davantage.

«Souvent, je pense, les sociétés privées décident de se rendre publiques trop tôt, a affirmé M. Sabia. Donc, c'est une autre raison pour laquelle notre objectif est de travailler à identifier les sociétés privées les plus prometteuses (...) pour les encourager à rester privées pour une plus longue période de temps pour leur donner l'occasion de devenir fortes.»

Cette sortie n'était pas une critique à l'endroit des marchés boursiers, a tenu à préciser le grand patron de la CDPQ, qui a toutefois concédé que la Bourse n'était pas nécessairement le «meilleur environnement pour bâtir une entreprise».

Si les marchés publics représentent une «source immense» de capital, la question entourant le moment d'effectuer une entrée en Bourse est «hautement importante», a prévenu M. Sabia.

Pour le moment, l'Espace CDPQ accueille notamment l'École d'entrepreneuriat de Beauce, la nouvelle Initiative Intrapreneuriale de la Fondation des familles entrepreneuriales et les fonds d'investissement Brightspark Ventures, White Star Capital et OpenText App Fund.

D'autres partenaires se joindront à l'initiative à compter de mars 2017.

La CDPQ a par ailleurs annoncé les modalités de son fonds Espace CDPQ, doté d'une enveloppe de 50 millions. De cette somme, 40 millions seront consacrés au financement de PME québécoises ayant des visées internationales.