Le mois d'avril n'est pas arrivé que Mont Sutton a fermé hier ses pistes pour la saison. Une situation symptomatique de l'hiver pénible qu'ont connu les stations des Cantons-de-l'Est, victimes d'El Niño. Le portrait est toutefois tout autre dans l'est de la province, où les montagnes connaissent une excellente saison. Dans les Laurentides, la situation est stable par rapport à l'hiver précédent. Au net, le Québec aura peine à atteindre les 5 millions de jours-ski.

La contre-performance des stations des régions de Montréal et des Cantons-de-l'Est va en effet entacher le bilan de la saison 2015-2016 de l'ensemble des 75 centres, d'après l'Association des stations de ski du Québec (ASSQ). « On n'est pas encore en train de dire que ça va être le pire bilan depuis 20 ans, mais on n'en sera pas loin, affirme Josée Cusson, directrice communications et marketing.

« L'an passé, on était à 5,9 millions de jours-ski. Cette année, on va avoir peine à atteindre 5 millions. » - Josée Cusson, directrice communications et marketing de l'Association des stations de ski du Québec

Mme Cusson s'attend à ce que ces mauvais résultats aient des répercussions négatives sur le niveau d'investissement dans les stations pendant la belle saison, faute de liquidités. Le Relais, à Québec, a toutefois annoncé en janvier l'installation d'une nouvelle remontée à six places rapide à plus de 5 millions.

TOUR D'HORIZON DES STATIONS

« On ne peut pas se cacher que c'est l'une des saisons les plus difficiles des dernières années », reconnaît Mireille Simard, coordonnatrice des communications de Mont Sutton. En plus de cette année, la station, qui vient de changer de mains, a dû terminer sa saison en mars à deux autres reprises en 56 ans d'histoire, soit en 1981 et en 2012. Cette année-là, les skis avaient été remisés le 25 mars, date de fermeture qui reste la plus hâtive à Sutton.

Décembre a été doux, ce qui a nui à la période des fêtes. Les centres étaient ouverts, mais le domaine skiable était réduit. Janvier a été bon, puis la météo en dents de scie a gâché février dans les Cantons-de-l'Est. Dame nature a continué à jouer des tours pendant la semaine de relâche québécoise.

Le président de Ski Bromont, Charles Désourdy, parle d'une baisse de 30 % des revenus de billetterie. « Nos abonnés ont été au rendez-vous, parce qu'ils connaissent notre force [la fabrication de neige], mais la billetterie n'a pas été au rendez-vous du tout. C'est la pire année », dit-il. Le nombre des abonnements dits limités (en semaine, de soirée, etc.), qui se vendent généralement en décembre, affiche une baisse de 15 %.

Avec moins de liquidités, des investissements seront reportés cet été, mais la station ira néanmoins de l'avant avec l'agrandissement de son chalet du lac en y ajoutant 120 places assises. « Le contrat est signé. On avait une grosse pénalité si on retardait ça d'un an », a-t-il expliqué, au téléphone.

À Orford, on prévoit fermer le 3 avril, pour rouvrir un dernier week-end les 9-10 avril. « Dans les Cantons-de-l'Est, l'année a été ardue », dit Luc Chapdelaine, directeur général de la station qui est exploité par un OBSL appartenant à la MRC de Memphrémagog depuis bientôt cinq ans. La région n'a pas reçu la quantité de neige habituelle. « Habituellement, à Orford, on reçoit 450 cm de neige et on n'a reçu que 250 centimètres environ », dit-il.

EST DU QUÉBEC

Le portrait est tout autre à Québec, à Charlevoix et au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Depuis la mi-février, il y est tombé de bonnes bordées.

Au Massif de Charlevoix, on a reçu 470 centimètres de neige cet hiver, ce qui est conforme à la moyenne historique. « On attend encore 20 centimètres [hier et aujourd'hui] et on a reçu 35 centimètres pas plus tard que vendredi », dit Katherine Laflamme, chef de service Communications marketing.

La fermeture de la saison a été reportée au week-end des 8-9-10 avril, la station ayant été prise d'assaut pendant le week-end pascal. Samedi saint, les stationnements ont débordé. Les voitures étaient garées sur deux kilomètres le long du chemin d'accès.

« Plus de 5000 skieurs étaient au rendez-vous samedi sur la montagne, un chiffre qu'on n'avait pas vu depuis quelques années. » - Katherine Laflamme, chef de service Communications marketing au Massif de Charlevoix

Depuis janvier, la station fait le plein de skieurs du nord-est des États-Unis, dont les centres n'ont pas été choyés cet hiver. « La relâche a été meilleure que l'an dernier », soutient Mme Laflamme.

MONT SAINT-SAUVEUR OUVERT JUSQU'À LA MI-MAI

Quant aux stations des Laurentides, elles ont pu faire le plein de skieurs ontariens qui sont restés au Canada à cause du taux de change, mais la période des fêtes a été décevante.

Les Américains ont aussi répondu présent dans la région de Tremblant au moment où les conditions de glisse étaient défavorables dans les montagnes Blanches.

Josée Cusson, de l'ASSQ, s'attend à ce que l'achalandage dans les Laurentides se maintienne au niveau de l'an dernier, qui, par ailleurs, n'était pas une saison mémorable. Mont Saint-Sauveur prévoit fermer à la Fête des mères si la météo collabore.

Photo Julie Catudal, La Voix de l’Est

À la station Ski Bromont, le président Charles Désourdy estime que le centre enregistrera une baisse de 30 % des revenus de billetterie au terme de la présente saison.