À l'approche du 8 mars, Journée internationale de la femme, une autre étude confirme l'existence d'importants écarts de rémunération entre les hommes et les femmes au Québec, même s'ils sont de niveau professionnel et universitaire.

Une étude réalisée par l'Institut de la statistique du Québec et qui vient d'être publiée indique en effet que dans le secteur privé, dans les entreprises de 200 employés et plus, le salaire des femmes professionnelles atteignait 34,36$ l'heure, en 2013, comparativement à 38,55$ l'heure pour les hommes professionnels. Il s'agit donc d'un écart de 4,19$ l'heure pour des professionnels ayant un même niveau de compétence.

En entrevue mercredi, l'auteure de l'étude, Nathalie Mongeau, professionnelle en rémunération à l'Institut de la statistique, a souligné que différents facteurs pouvaient expliquer une telle différence, comme le nombre d'années d'expérience des employés en question et la durée dans leur emploi, par exemple. Comme elle a comparé des moyennes, elle a comparé des situations qui pouvaient être disparates.

Ainsi, puisque les femmes se trouvent depuis moins longtemps que les hommes sur le marché du travail, il est plausible qu'elles aient moins d'années d'expérience, par exemple, donc une progression moindre dans l'échelle de salaire et une rémunération moindre.

«Nous, c'est sûr qu'on présente la moyenne. Mais ce serait intéressant d'aller voir ce qui se cache derrière cette moyenne-là et de voir, à la fin, ce qui reste comme écart non expliqué. On voit qu'il faut continuer à faire des analyses hommes-femmes et continuer à se préoccuper de ces choses-là», commente Mme Mongeau.

L'écart le plus important a été enregistré chez les professionnels de la rédaction, de la traduction et des relations publiques - toujours chez les employés réguliers à temps plein, de niveau universitaire, dans les entreprises de 200 employés et plus. Chez les femmes, le salaire horaire moyen était en 2013 de 31,44$ contre 38,22$ chez les hommes. Il s'agit d'un écart de 6,78$.

Chez les professionnels en gestion des ressources humaines et services aux entreprises, le salaire horaire moyen était de 34,57$ pour les femmes et de 37,55$ pour les hommes. L'écart était de 2,98$ l'heure.

Par ailleurs, les taux de présence des femmes variaient de 15,8 à 91,5% selon la profession étudiée. Les femmes sont par exemple «très peu présentes dans les professions du domaine du génie», souligne l'auteure.

Or, même en examinant ces professions sous l'angle de la prédominance selon le sexe, une constatation demeure: «les professions à prédominance masculine montrent un salaire horaire moyen supérieur à celui des professions à prédominance féminine ou sans prédominance.

Ainsi, en 2013, le salaire horaire moyen des professions à prédominance masculine atteignait 39,01$ comparativement à 36,78$ pour les professions à prédominance féminine et à 34,93$ pour les professions dites sans prédominance.

La dernière cérémonie des Oscar a eu un effet sur l'équité salariale au Québec

La dernière cérémonie des Oscar a eu un effet... sur l'équité salariale au Québec.

En effet, l'appel lancé par l'actrice Patricia Arquette a eu des échos ici. Au moment de recevoir son trophée pour meilleur rôle de soutien féminin, elle a notamment déclaré qu'il était temps pour les femmes d'obtenir enfin l'égalité salariale une fois pour toutes aux États-Unis.

La Commission de l'équité salariale confirme qu'elle a reçu de nombreux appels d'employés et d'employeurs dans les deux dernières semaines, à la suite de cette sortie, au gala du 22 février dernier.

Dans une entrevue à La Presse canadienne, mercredi, la présidente de la commission, Marie Rinfret, a indiqué que le message avait eu une résonance ici. Selon elle, ce commentaire a ramené à l'avant-scène le dossier de l'équité salariale et il y a toujours des conséquences positives.

Beaucoup d'employés ont réalisé qu'ils n'avaient pas nécessairement vu l'exercice d'équité salariale affiché dans leur entreprise et ont appelé la commission, qui leur a fourni des renseignements.

Par ailleurs, Mme Rinfret a souligné que 83% des entreprises assujetties à la Loi sur l'équité salariale qui ont fait leur déclaration à la commission disent avoir réalisé l'exercice d'équité salariale. Elle a constaté une grande évolution des mentalités sur cette question, mais il reste néanmoins des obstacles.

Il reste beaucoup de chemin à parcourir pour les 17% d'entreprises manquantes. Il s'agit surtout de PME dans le domaine de la restauration, de l'hébergement et du commerce de détail, dans la région de Montréal, de la Couronne Nord et de l'Estrie.