L'un des plus importants projets autoroutiers de l'histoire du Québec, le remplacement de l'échangeur Turcot à Montréal, sera réalisé par de gros constructeurs d'origine américaine, mais sous la supervision d'ingénieurs québécois.

C'est ce qui ressort d'un examen de la composition du consortium KPH dont le choix a été annoncé hier par le ministère québécois des Transports. Ce consortium doit mener à bien d'ici 2020 un projet autoroutier évalué à 3,7 milliards.

Les deux constructeurs d'origine américaine sont Kiewit, entreprise de 11 milliards US de revenus établie à Omaha, au Nebraska, ainsi que la californienne Parsons, qui affiche un chiffre d'affaires de trois milliards US.

Dans ce duo, Kiewit est déjà bien connue dans le secteur des grands chantiers au Québec. «Son implantation ici remonte à la première phase de la Baie-James [dans les années 70]. Par conséquent, même d'origine américaine, que Kiewit ait remporté avec ses partenaires le contrat de l'échangeur Turcot ne nous dérange pas. Ce qui nous importe le plus, c'est que ce projet majeur puisse enfin se réaliser, avec beaucoup de retombées pour toute notre industrie», a déclaré Christian Croteau, porte-parole de l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec.

Quant à la direction d'ingénierie du chantier Turcot, elle sera confiée à la firme montréalaise WSP Global. Cette firme connue auparavant sous le nom de Genivar se distingue depuis deux ans par une expansion considérable sur les marchés internationaux.

«Nous sommes fiers que notre expertise soit reconnue pour participer à ce projet - un des plus grands, sinon le plus grand projet de construction routière au Québec octroyé par le ministère des Transports - qui transformera le visage de Montréal pour des générations à venir», a commenté Isabelle Adjahi, directrice aux communications et aux relations avec les actionnaires chez WSP.

«C'est aussi une très bonne nouvelle pour notre division des infrastructures de transports, qui regroupe environ 275 employés à nos bureaux à Montréal et à Laval.» Parmi les projets récents de cette division de WSP dans la région de Montréal, on compte le pont de contournement de L'Île-des-Soeurs, première étape de 120 millions du remplacement du pont Champlain, ainsi que le pont à péage de l'autoroute 25.

150 millions d'ici 5 ans

Selon l'analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, le mandat d'ingénierie principal pour l'échangeur Turcot pourrait valoir à WSP des honoraires approchant les 150 millions d'ici cinq ans.

À la Bourse de Toronto, hier, les investisseurs en actions de WSP ont d'ailleurs exprimé leur satisfaction en les négociant en hausse d'un peu plus de 2%, jusqu'à 35,17$ en fin de séance.

Pendant ce temps, du côté des deux consortiums perdants dans le choix du ministère des Transports, on se disait évidemment déçu, mais pas abattu.

Chez la firme d'ingénierie SNC-Lavalin, qui participait au consortium Groupe futur Turcot, la porte-parole, Élaine Arsenault, a déclaré que «la décision du Ministère est certes décevante, mais nous croyons que le processus a été rigoureux et juste».

Chez l'important constructeur québécois Pomerleau, qui participait lui au Groupement nouvel échangeur Turcot, la porte-parole Carolyne Van Der Meer a indiqué que «nous sommes déçus, bien sûr».

«Mais dans notre secteur, nous gagnons certains contrats et nous en perdons d'autres. Cette fois-ci, nous avons perdu. Nous concentrons maintenant nos efforts sur d'autres opportunités et demeurons confiants pour l'avenir.»