L'opération qui vise à trouver un nouveau directeur du développement économique à la Ville de Montréal serait plus ardue que prévu. Une bureaucratie trop robuste, des pouvoirs dispersés et un contexte budgétaire austère décourageraient certains candidats de prestige recherchés par l'administration Coderre, ont confié plusieurs sources à La Presse.

Dans l'affichage du poste, publié en février dernier, on explique que ce nouveau directeur devra «dégager une compréhension commune des enjeux de développement économique», ainsi qu'offrir «un service cinq étoiles [...] [dans l'accompagnement personnalisé] des acteurs du développement économique dans leurs démarches d'implantation de leurs projets d'affaires».

«Ça ne va pas très bien en ce moment dans le service du développement économique à la Ville de Montréal, a confié une source près des gens d'affaires, qui préfère ne pas être identifiée. Avec un tel mandat, la personne qui est recherchée se retrouverait avec peu de pouvoirs, intégrée dans une imposante hiérarchie. Ça fait déjà six mois qu'un chasseur de têtes se promène dans le milieu économique pour dénicher le candidat rêvé, qui ne se serait toujours pas pointé.»

Le développement économique est pourtant une priorité de Denis Coderre, et le sujet a été au centre de sa campagne électorale. À son cabinet, on explique aussi que le maire a conservé cette responsabilité pour signaler l'importance que l'enjeu revêt pour son administration.

«Les ressources humaines ont rencontré des candidats et, au final, nous rendrons notre décision, a expliqué M. Coderre à La Presse. Est-il difficile de trouver ce nouveau directeur? Non, les gens ont hâte de travailler pour le nouveau Montréal. On veut juste s'assurer que le processus prenne le temps qu'il faut. Je ne pousse personne dans le dos.»

Or, selon nos informations, le fait que le nouveau poste de directeur au développement économique relève du directeur général adjoint plutôt que du maire lui-même mènerait des candidats à écarter la possibilité de postuler.

En matière de développement économique dans le Grand Montréal, les leviers décisionnels sont dispersés entre la ville centre, les 19 arrondissements, les 15 villes défusionnées et différentes entités comme la Communauté métropolitaine de Montréal et des organismes tels que Montréal international, qui a pour mandat d'attirer des investissements de l'étranger.

Cette diversité ne favoriserait toutefois pas les candidats qui espèrent intégrer leur vision à la stratégie globale du développement et de la croissance économique.

«Tous ces acteurs vont vouloir se battre pour imposer leur vision et leurs enjeux», a confié une source qui connaît des personnes qui ont été rencontrées pour le poste de directeur du développement économique et qui ont poliment décliné l'offre.

«C'est un gros mandat qui nécessite une personne de grande compétence. Avec le climat actuel dans le monde municipal, et dans le contexte des restrictions budgétaires, je ne sais pas si des gens sont prêts à laisser leur emploi pour prendre ce job-là», a-t-on affirmé à La Presse.

Coderre se fait rassurant

Selon nos informations, le processus aurait du plomb dans l'aile depuis la mort soudaine de Marcel Côté, en mai dernier, qui travaillait sur ce dossier et qui connaissait très bien le milieu des affaires.

«On entend que le candidat recherché doit être de haut niveau, ayant une expérience concrète du développement économique. Toutefois, le salaire [d'environ 186 000$] pourrait être un enjeu», a exprimé une autre source.

Rencontré la semaine dernière lors d'un point de presse d'un front commun d'acteurs économiques du Grand Montréal, qui ont présenté leur vision commune pour la croissance économique de la métropole, le maire de Montréal, Denis Coderre, a assuré que le processus se déroulait bien et qu'une nomination serait confirmée «en temps et lieu».

«On a un plan de match. C'est moi qui m'occupe du développement économique, et on est rendu là dans la réorganisation de la Ville. Tout avance très bien», a-t-il affirmé.