Un rendement de 9,6% place cette année la Caisse de dépôt et placement du Québec dans le peloton de tête des gestionnaires de portefeuille canadiens. Ça nous change de 2008, où des pertes de 40 milliards lui avaient valu de finir bonne dernière.

Ces résultats, qualifiés de «bons» par le président et chef de la direction Michael Sabia, font ressortir aussi que la Caisse doit renforcer la gestion active de son portefeuille d'actions canadiennes et ses activités de répartition d'actifs pour trôner durablement parmi les investisseurs institutionnels les plus performants au pays.

La Caisse a battu son portefeuille de référence de trois dixièmes, ce qui représente une plus-value de 462 millions. En dollars, son rendement de 14,9 milliards, jumelé à des dépôts nets de 2,3 milliards, porte la valeur de son actif net de 159 à 176,2 milliards.

Le portefeuille de la Caisse était divisé l'an dernier en 15 catégories d'actifs dont 13 comparables. Sept seulement ont obtenu de meilleurs résultats que leur indice de référence.

Les bons coups

En général, la Caisse a su tirer son épingle du jeu dans les titres à revenus fixes où 64 milliards sont investis. Sa gestion active des obligations et des dettes immobilières lui a permis de battre facilement les indices de référence. Les valeurs à court terme et les obligations à long terme (30 ans et plus) sont gérées de manière indicielle, ce qui pour ces dernières a représenté un manque à gagner de 11,1 millions.

Le portefeuille immobilier a obtenu un rendement de 12,4%, qui porte sa valeur à 18 milliards. La Caisse a joué de malchance au Brésil où la dépréciation du real en fin d'année a provoqué une perte sur papier d'un peu plus de 100 millions, en bonne partie récupérée depuis le début de 2013. Elle a aussi été victime de la récession en Europe qui lui a fait perdre quelques locataires. En revanche, les revenus locatifs ont été solides en Amérique du Nord.

Le fait saillant reste toutefois la restructuration de l'actionnariat d'Ivanhoé Cambridge qui permet à la Caisse d'inscrire un gain non récurrent de 637 millions. Il représente à lui seul le tiers du rendement du portefeuille d'immeubles. Au final, ce portefeuille fait huit dixièmes de moins que son indice, mais le bat tout de même sur une période de trois ans.

Il en va de même avec celui des infrastructures, qui a rapporté 8,7% en 2012, malgré la vente partielle de la position dans Heathrow Airport Holdings, un placement colossal qui ne remplit pas ses promesses jusqu'ici.

Et les moins bons

Le portefeuille d'actions, évalué à 82,3 milliards au 31 décembre, a obtenu un rendement de 12,2%, soit deux dixièmes de moins que les indices de référence. Curieusement, ce sont aux actions canadiennes et aux placements privés qu'il faut attribuer cet écart.

La différence de 110 centièmes entre le rendement sur les actions canadiennes (6,6%) et celui de l'indice S&P/TSX (7,7%) préoccupe la haute direction. «Nous n'avons pas atteint la performance visée», a souligné M. Sabia, tout en précisant qu'il n'est pas facile de virer un portefeuille de 22 milliards. En 2011, ce portefeuille n'avait pas battu non plus le S&P/TSX.

Début 2012, la Caisse avait placé trop de billes dans les matériaux de base qui ont pâti du ralentissement en Chine et de la rechute en récession de l'Europe. Elle entend se montrer plus sélective en misant par exemple sur la demande des pays émergents et des États-Unis dont les économies vont mieux aller cette année. Cela peut signifier miser davantage sur le cuivre que l'aluminium, par exemple.

Enfin, la Caisse a perdu 422 millions dans ses activités de répartition d'actifs. Comme bien d'autres investisseurs, elle avait fait le pari en début d'année que les taux obligataires avaient touché le plancher. Elle avait donc choisi de gonfler son encaisse.

La Caisse ne voit guère de rendement dans les obligations. Elle compte diminuer ce portefeuille au profit de son nouveau portefeuille Actions Qualité mondiale où sont déjà parquées ses actions d'Apple.