Les économistes québécois doutent de l'utilité de la nouvelle Banque de développement économique du Québec (BDEQ) proposée par le gouvernement Marois.

Selon un sondage de l'Association des économistes québécois, 61% des économistes estiment que l'impact de la Banque de développement économique du Québec sera nul (13%) ou négligeable (48%).

Seulement 20% d'entre eux pensent que son impact sera important (17%) ou très important (3%), alors que 19% d'entre eux se sont abstenus de répondre à la question.

«[La BDEQ] est probablement une bonne chose, mais ça ressemble à un regroupement de services déjà existants. En plus, ce n'est pas évident que le Québec manque de capital de risque», dit Jean-Michel Cousineau, professeur à l'École de relations industrielles de l'Université de Montréal et président du Comité des politiques publiques de l'Association des économistes québécois.

Le gouvernement Marois a promis en campagne électorale de créer la BDEQ, qui regrouperait Investissement Québec ainsi que des fonds déjà gérés par le ministère du Développement économique. Le projet de loi créant la BDEQ n'a pas été déposé à l'Assemblée nationale.

«Certains économistes sont plus frileux à l'intervention de l'État dans l'économie, mais il est prématuré de commenter (les résultats du sondage) alors que seules les grandes lignes du projet sont connues», dit l'attachée de presse de la ministre déléguée à la BDEQ Élaine Zakaïb, Suzanne Lalande.

Pour bien gérer les finances publiques, la majorité des économistes québécois ayant répondu au sondage aimeraient que le gouvernement Marois contrôle les dépenses de l'État (69%) et fasse le ménage dans les crédits d'impôt (52%).

«Les gens qui bénéficient des crédits d'impôt sont les gens qui ont les revenus les plus élevés, dit l'économiste Jean-Michel Cousineau. On peut s'attaquer à la question des inégalités de revenus aussi de cette façon.» En campagne électorale, le Parti québécois faisait la proposition à coût nul de diminuer le taux d'imposition général, mais de simplifier et de rendre moins généreux les crédits d'impôt.

Par ailleurs, les économistes québécois sont divisés sur les projets d'accord de libre-échange du Canada avec Europe et l'Asie: 39% des répondants pensent que ces accords seraient bénéfiques, tandis que 29% estiment qu'il y aurait des risques pour la culture, les aspects sociaux et l'environnement.

Un total de 170 des 652 membres de l'Association des économistes québécois ont répondu au sondage, réalisé par l'internet du 6 au 22 novembre. La marge d'erreur du sondage est de 6,5 points de pourcentage, 19 fois sur 20.