Les élus montréalais proposent la création de sociétés de promotion de parcs industriels à l'image des sociétés de développement commercial (SDC) qui ont été créées depuis les années 80 pour dynamiser les rues marchandes de la métropole.

Cette initiative a pour but de redonner une seconde vie aux zones industrielles qui n'ont pas réussi à combler le vide laissé par le départ des manufacturiers vers les pays à bas coût de production. Les PME qui ont un établissement dans une zone industrielle donnée auront à décider en temps et lieu si elles constituent une SDC ou pas.

L'idée de sociétés de développement industriel a fait l'objet d'une recommandation de la part d'une commission municipale au début de l'été à la suite d'un rapport sur la valorisation du développement économique local.

Plus précisément, on suggérait à la Ville et à l'agglomération de faire modifier la Loi sur les cités et villes «de façon à ce que les gens d'affaires d'un même quartier industriel puissent se prévaloir d'avantages similaires aux (...) sociétés de développement commercial».

Une telle société a le mandat de promouvoir le développement économique de son secteur. Elle peut offrir des services à ses membres ou clients. Elle peut aussi «gérer un commerce, un garage ou un parc de stationnement.

Elle peut aussi exécuter des travaux sur la propriété publique ou privée», lit-on aux articles 458 et suivants de la loi. Une SDC peut aussi verser des subventions à ses membres.

Pas une panacée

Le directeur général du Regroupement économique et social du sud-ouest de Montréal (RESO), Pierre Morrissette pense que des SDC pour zones industrielles peuvent être une bonne idée, mais insiste pour dire qu'il ne s'agit pas d'une panacée.

«Dans plusieurs cas, les SDC donnent de bons résultats. Mais, sur la rue Notre-Dame, on parle d'implanter une SDC depuis 15 ans, ce qui fait que les énergies vont à débattre de la pertinence d'une SDC plutôt qu'à la revitalisation de la rue commerciale», donne-t-il en exemple.

La recommandation sur les sociétés de développement industriel a néanmoins reçu l'appui des trois partis présents à l'hôtel de ville. «L'idée est fort intéressante, dit Louise Harel, chef de l'opposition officielle. Elle permettra aux entreprises de parler d'une seule voix pour se faire entendre plus efficacement.»

Jeudi, la chef de Vision Montréal a dénoncé la désindustrialisation qui frappe Montréal depuis 2000. Selon Statistique Canada, la métropole a perdu 2277 fabricants en 10 ans, passant de 5941, en 2000, à 3664, en 2011. L'emploi manufacturier a chuté de 40% durant la période.

Mme Harel demande au maire d'élaborer rapidement un plan d'action sur la décontamination des terrains propices au développement industriel.

En 2009, la Commission sur le développement économique estimait à 800 millions de dollars les coûts de réhabilitation de quelque 20 millions de mètres carrés de zones présentant un potentiel de développement, une superficie équivalant à 6% de la ville.

Des parcs industriels municipaux vétustes

Mme Harel souhaite aussi que le prochain plan d'urbanisme prévoie des zones industrielles exclusives.

Elle aimerait aussi que s'effectue une mise à niveau des infrastructures des parcs industriels vétustes comme le suggère un autre rapport, produit en décembre 2010, portant sur les parcs industriels municipaux.

Selon ce document, les 19 parcs industriels municipaux de l'île de Montréal disposent de terrains vacants de 1,5 million de mètres carrés, soit environ cinq fois la superficie du Parc olympique.

Ces zones, principalement situées dans l'est de l'île, continuent tout de même de loger 550 entreprises donnant du travail à 35 000 personnes, soit approximativement 8% des emplois recensés sur l'île.

Richard Deschamps, responsable du développement économique, au comité exécutif, a fait valoir que l'exode des emplois manufacturiers a touché tous les pays occidentaux, pas seulement la ville de Montréal. «En 10 ans, il s'est créé entre 100 000 et 150 000 emplois à Montréal, des emplois de meilleure qualité», a-t-il dit à notre collègue Karim Benessaieh.