Les kayaks de mer Boréal Design accosteront en Chine.

Le nouveau propriétaire de Boréal Design, l'entreprise québécoise Kayak Distribution, fera fabriquer les kayaks en plastique dans son usine chinoise, située près de Shanghai. Kayak Distribution n'a toutefois pas encore pris de décision au sujet du lieu de fabrication des kayaks en matériaux composites.

«Personne ne prend plaisir à délocaliser et à passer son temps à voyager partout, a affirmé le propriétaire de Kayak Distribution, Marc Pelland, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Mais c'est ce qu'il faut pour être compétitif.»

Deux ingénieurs épris de plein air, Nathalie Simard et Éric Blouin, ont fondé Boréal Design en 1991. L'entreprise, qui fabriquait ses kayaks de mer dans ses propres installations de Saint-Augustin-de-Desmaures, a connu un grand succès, exportant jusqu'à 33% de sa production.

Les dernières années ont toutefois été difficiles et des tentatives pour trouver de nouveaux investisseurs n'ont pas donné de résultats. Boréal Design a fait faillite en février dernier, entraînant la perte d'une cinquantaine d'emplois. La semaine dernière, Kayak Distribution a annoncé le rachat de Boréal Design.

Coup de pelle final

Dans une entrevue au quotidien Le Soleil, Éric Blouin et Nathalie Simard ont déploré la délocalisation de la fabrication des kayaks, affirmant qu'il s'agissait du «coup de pelle final pour la mort de notre entreprise».

M. Pelland a dit comprendre l'émotion des fondateurs de Boréal Design. Mais selon lui, la base de coûts actuelle est trop élevée. Il ne voit pas comment il pourrait l'abaisser en maintenant la fabrication au Québec.

«C'était une équipe de direction compétente, ils avaient 20 ans d'expérience dans le kayak. Avec les installations qu'ils avaient, ils étaient efficaces, mais on voit quand même la résultante, a-t-il déclaré. Je vois difficilement comment on pourrait arriver à faire mieux et abaisser les coûts.»

Il a rappelé que les usines étrangères sont de plus en plus performantes et que la concurrence est vive. Il a notamment affirmé que certains concurrents américains ont des goussets particulièrement profonds, qui leur permettent de survivre avec des marges très basses, sinon inexistantes. Necky, notamment, peut compter sur sa société mère Johnson Outdoors, qui a un chiffre d'affaires de 407 millions de dollars US.

«Beaucoup de gens disent qu'ils veulent soutenir une entreprise québécoise, mais lorsqu'on demande de payer 1000$ de plus pour un kayak [fait ici], oups, beaucoup ne sont plus là», a noté M. Pelland.

Selon lui, la délocalisation lui permettrait de réduire les coûts de production des kayaks de plastique de moitié.

La question de la fabrication des kayaks en composites est encore en suspens.

«Ce marché-là est peut-être un peu moins sensible aux prix que les autres types d'embarcations, a avancé M. Pelland. Il y a beaucoup de personnalisation. Ça demanderait une production qui soit plus près du marché, mais voilà, une grande partie du marché n'est pas au Québec, mais en Europe. Ça met donc un bémol là-dessus.»

Accessoires de kayak

Boréal Design comprend également une filiale spécialisée dans les accessoires de kayak, Beluga. Comme certains produits sont fabriqués à faible volume, une partie de la production pourrait peut-être demeurer au Québec.

Chose certaine, la recherche et développement et la conception demeureront ici.

«Il y aura peut-être un peu moins d'emplois au Québec, mais ce seront les meilleurs jobs qui resteront», a lancé M. Pelland.

La délocalisation n'est pas une nouvelle situation pour l'homme d'affaires. Il était copropriétaire de Voodoo Technologies, qui fabriquait les kayaks de rivière Riot et les kayaks récréatifs Azul, lorsque l'entreprise a fait faillite en 2008. M. Pelland a conclu une entente avec les créanciers et a racheté tous les droits de façon à continuer à produire les kayaks Riot et Azul. La production a cependant été transférée de la rue Saint-Patrick, à Montréal, en Chine.

La nouvelle entreprise qui détient les droits sur Riot et Azul, Kayak Distribution, emploie près d'une dizaine de personnes à son siège social de Saint-Hubert. L'acquisition de Boréal Design devrait l'amener à embaucher de 5 à 10 personnes additionnelles. M. Pelland aimerait notamment recruter des employés de Boréal.

«Je veux faire croître l'entreprise, je ne veux pas qu'elle se recroqueville sur elle-même à force de perdre des parts de marché», a-t-il soutenu.