Il n'est pas nécessaire d'investir 20 milliards de dollars dans un train à grande vitesse pour améliorer considérablement le service entre Québec et Windsor et rehausser sa popularité.

«C'est le temps de parcours qui compte, a affirmé le président et chef de la direction de Via Rail, Marc Laliberté, au cours d'une rencontre avec l'équipe éditoriale de La Presse cette semaine. Si nous sommes en mesure d'abaisser le temps de parcours entre Montréal et Toronto en dessous de 4h, soit 3h30 min ou 3h45 min, nous allons attirer énormément de clientèle.»

Une étude sur un train à grande vitesse entre Québec et Windsor, réalisée par un consortium de cinq entreprises à la demande des gouvernements québécois, ontarien et fédéral, a conclu qu'un tel projet nécessiterait des investissements de 19 à 21 milliards.

En novembre dernier, le ministre fédéral des Transports Denis Lebel a fait savoir que ce projet ne constituait pas une priorité pour Ottawa.

À l'heure actuelle, les trains les plus rapides de VIA Rail peuvent parcourir la distance entre Montréal et Toronto en 4h41 min. Selon l'étude du consortium ÉcoTrain, un train à grande vitesse pourrait parcourir cette distance en 2h47 min.

M. Laliberté croit toutefois que pour concurrencer l'avion et la voiture, le seuil magique est de quatre heures. Et il n'est pas nécessaire d'avoir une vitesse de pointe beaucoup plus grande pour raccourcir le temps de parcours. «Un train ne va pas à 100 milles à l'heure tout le temps, a lancé le grand patron de VIA. Il y a des endroits où il faut ralentir.»

Il faut donc trouver des façons de minimiser ces ralentissements. Il s'agirait notamment de réduire les pertes de temps pendant les croisements avec des voies additionnelles, des voies d'évitement plus longues, etc.

VIA a déjà entrepris des projets d'infrastructures entre Toronto et Brockville pour améliorer le service, notamment en éliminant les changements de voie. Des travaux entre Ottawa et Brockville ont déjà permis de faire passer à 3h57 min le trajet entre Ottawa et Toronto.

«Il faudrait des investissements importants pour faire passer à 3h45 min le trajet entre Montréal et Toronto, mais ce serait certainement moins élevé que des investissements pour instaurer un train à grande vitesse, a soutenu M. Laliberté. Ce serait quelque chose de plus raisonnable qu'il faudrait analyser avec nos partenaires.»

Dans son dernier budget, le ministre fédéral des Finances Jim Flaherty a annoncé une réduction de 6,4% du budget de Via Rail. Mais, il a également annoncé un investissement de 105 millions de dollars pour cette année. «Quarante-cinq millions serviront à compenser notre déficit d'exploitation, alors que 60 millions seront des investissements en capitaux», a indiqué M. Laliberté.

Ces sommes serviront donc à rénover des gares, des ateliers, des voitures, et d'autres actifs.

Parallèlement à ces investissements, VIA entend réduire ses dépenses de fonctionnement en ayant davantage recours à la technologie, notamment à la billetterie, et en abandonnant des services peu rentables qui sont offerts par d'autres transporteurs. M Laliberté a donné l'exemple de services en Ontario qui sont maintenant desservis par Go Transit, un exploitant de trains de banlieue de la région de Toronto.

VIA maintiendra cependant les services déficitaires que le gouvernement fédéral lui demande d'effectuer, comme Montréal-Senneterre et Winnipeg-Churchill.