Même si elle est privée de 30% de sa capacité de production au Québec, Rio Tinto Alcan ne souffre pas trop parce que le marché de l'aluminium traverse actuellement une mauvaise passe.

Hier, son concurrent Alcoa a annoncé une réduction de 12% de sa capacité de production, soit 531 000 tonnes, en raison de la faiblesse du marché et de la baisse des prix de l'aluminium.

Le prix de l'aluminium est actuellement de 30% plus bas que le sommet de 2800$US la tonne qu'il a atteint en 2011. Dans ce contexte difficile, la réduction de la production de Rio Tinto Alcan au Québec entraîne des dommages limités pour l'entreprise.

Rio Tinto Alcan a réduit des deux tiers la production de son usine d'Alma, après avoir décrété un lock-out le 30 décembre. L'entreprise est aussi privée de la moitié de la production de son usine de Shawinigan à la suite du bris d'un disjoncteur survenu le 29 décembre. Les deux événements font en sorte que sa capacité de production annuelle est diminuée de 350 000 tonnes, soit environ 30%.

Compte tenu des conditions du marché, cette réduction de production ne pouvait tomber plus mal pour l'entreprise. À Shawinigan, où l'usine doit fermer en 2015, l'entreprise pourrait décider de devancer l'échéance plutôt que de réparer le bris d'équipement, s'inquiètent les travailleurs. Aucune décision n'a encore été prise quant à l'avenir de l'usine de Shawinigan.

Hier, le vice-président des opérations de Rio Tinto au Saguenay, Étienne Jacques, a répété que les cadres et les employés non syndiqués étaient prêts à assurer la poursuite des activités réduites à Alma aussi longtemps qu'il le faudra.

Il n'est pas question d'accéder aux demandes syndicales de geler le nombre d'emplois au niveau actuel. «On ne peut pas s'attacher les mains comme ça, pas avec la concurrence du Moyen-Orient, de l'Inde et de la Russie», a-t-il dit lors d'un entretien avec La Presse Affaires.

De même, l'entreprise veut absolument garder la possibilité de recourir à la sous-traitance. «On se doit de garder la porte ouverte à la sous-traitance», plaide Étienne Jacques, qui estime qu'il s'agit d'un «ingrédient essentiel», mais pas le seul, pour maintenir la compétitivité de l'entreprise.

Selon lui, le recours à la sous-traitance a eu des effets positifs pour l'économie régionale, qui s'est diversifiée et a donné naissance à des entreprises de classe mondiale comme CGI.

Aucune discussion directe n'a eu lieu depuis le début du lock-out entre les syndiqués et les représentants de l'entreprise, mais les deux parties restent en contact par l'entremise d'un conciliateur.

Le vice-président de Rio Tinto Alcan au Saguenay s'est dit confiant que le bon sens prévaudra et que le conflit se réglera. Advenant la fin des hostilités, il faudra toutefois plusieurs mois avant le retour à la normale de l'usine, a-t-il précisé.

L'usine d'Alma est la plus moderne des usines de Rio Tinto Alcan au Saguenay. Inaugurée il y a 10 ans, elle était candidate à un projet d'expansion qui a été reporté par l'entreprise, mais qui reste intéressant, selon son vice-président. «L'expansion de l'usine d'Alma va toujours demeurer un scénario plus avantageux que de construire une nouvelle usine», a-t-il dit.