Candidats qui renoncent à postuler pour des emplois. Retards, absentéisme, stress, irritabilité, fatigue: les travaux routiers qui se multiplient à Montréal ont des impacts «inquiétants» sur les travailleurs, selon l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (OCRHA).

Selon un sondage mené par l'OCRHA directement auprès de ceux dont le métier est de gérer des employés, 55% des entreprises montréalaises subissent des impacts négatifs à cause des chantiers qui encombrent les routes de la métropole.

«Si, en plein mois d'août, les directeurs en ressources humaines parlent de retards, d'absentéisme, de stress et de fatigue, on peut penser que ça va être assez l'enfer après la fête du Travail», lance Florent Francoeur, PDG de l'Ordre.

Parmi les répondants qui ont accepté de détailler les problèmes découlant de la circulation chaotique, 46,3% affirment perdre des candidats potentiels parce que ceux-ci ne sont plus intéressés à occuper des emplois qui les obligeraient à traverser des ponts.

«C'est grave, dit M. Francoeur. De nombreuses entreprises ont déjà des problèmes de recrutement. Si les travaux routiers accentuent le problème, il est clair que ça va avoir des effets importants.»

L'ordre des conseillers en ressources humaines, qui envoie régulièrement des sondages à ses membres, dit n'avoir jamais observé un taux de réponse aussi élevé.

«Si on exclut Kadhafi et Jack Layton, on ne parle à peu près que de travaux routiers à Montréal. Notre sondage vient confirmer qu'il s'agit aussi d'une préoccupation majeure auprès des entreprises», dit M. Francoeur.

Près de 70% des répondants qui ont détaillé leurs réponses disent observer plus de retards qu'à l'habitude chez leurs employés, et le tiers d'entre eux évoquent des délais de 30 minutes et plus.

Plusieurs employés choisissent aussi de jeter l'éponge et de rester carrément chez eux plutôt que d'aller affronter les cônes orange sur les routes. Une hausse de l'absentéisme a été observée chez 45% des conseillers en ressources humaines ayant répondu au sondage.

«On est dans une économie où on parle beaucoup de productivité. Or, on voit que la question des travaux et des ponts est maintenant problématique dans les organisations», dit M. Francoeur.

Même le moral des troupes qui atteignent bel et bien leur lieu de travail est miné. Les gestionnaires ont observé du stress (78% des répondants), de la fatigue (71%), de l'irritabilité (64%), des pertes de motivation (26%) et même des conflits (9%) dans leur milieu de travail qu'ils attribuent directement aux travaux routiers.

Bref, les cônes orange qui parsèment la métropole font voir rouge.

Message politique que ce pavé dans la mare envoyé par l'OCRHA?

«Il faut que les gouvernements, quel que soit leur niveau, fassent leur possible pour minimiser les inconvénients. Mais notre message vise surtout les entreprises en disant qu'il est temps de réfléchir à des solutions», répond M. Francoeur.

Parce que des solutions, il en existe. Le sondage montre en effet que bon nombre d'entreprises ont déjà commencé à prendre des mesures pour réduire les impacts des bouchons sur leur fonctionnement.

Ainsi, 46,7% des gestionnaires en ressources humaines ayant répondu au sondage offrent des horaires plus flexibles à leurs employés, tandis que 27,6% d'entre eux ont commencé à favoriser le télétravail. Le covoiturage (7,6%) et les transports en commun (4,7%) sont aussi utilisés comme outils pour lutter contre les problèmes de circulation.

«C'est le temps de réfléchir à offrir des horaires flexibles aux employés, à favoriser le télétravail, à envoyer le message d'utiliser les transports en commun», dit M. Francoeur.