L'industrie de la publicité traîne le Plateau-Mont-Royal devant les tribunaux. Un regroupement d'entreprises d'affichage s'adresse à la Cour supérieure pour faire invalider un règlement qui bannit les panneaux-réclame sur le territoire de l'arrondissement.

L'automne dernier, l'administration du maire Luc Ferrandez a adopté un règlement qui ordonne aux entreprises d'affichage de démanteler les 45 panneaux qu'elles exploitent dans l'arrondissement. Elle leur a donné un an pour s'exécuter, qualifiant au passage les affiches d'«horreurs inouïes» et de «pollution visuelle».

CBS, Astral et Pattison ont répliqué avec une mise en demeure à la fin d'octobre. Elles ont mis leur menace de poursuite à exécution lundi après-midi.

Dans une requête présentée en cour, les firmes affirment que les règles d'urbanisme ne permettent pas aux autorités du Plateau de bannir purement et simplement les panneaux-réclame. Tout au mieux peuvent-elles baliser leur déploiement. Elles estiment également avoir des droits acquis, certaines affiches ayant été érigées il y a plus de 50 ans. Enfin, les entreprises se disent victimes d'une «expropriation déguisée» et d'une atteinte à leur liberté d'expression.

La mesure serait donc «très préjudiciable» pour les entreprises publicitaires, affirment-elles, «surtout si ce mauvais exemple vient à être suivi par d'autres arrondissements». Elles accusent l'administration Ferrandez d'agir de «mauvaise foi».

«Ce sont les contribuables montréalais qui vont devoir payer des frais d'avocats pour régler un problème inventé de toutes pièces», a raillé le porte-parole du Regroupement de l'industrie de l'affichage extérieur au Québec, Jeannot Lefebvre.

«Ce n'est pas en menaçant les Montréalais que ces entreprises vont avoir plus de respect et de légitimité aux yeux du public, rétorque le conseiller Alex Norris, responsable du dossier. Ce que nous avons fait s'inscrit dans un mouvement mondial pour embellir les paysages publics. On est loin d'être les seuls à avoir agi de la sorte.»

Ce n'est pas la première fois que l'industrie publicitaire se sert des tribunaux pour empêcher des municipalités d'interdire les panneaux-réclame. Lorsqu'elle a modifié son règlement d'urbanisme, la Ville de Québec a voulu bannir les affiches de grand format. Les firmes d'affichage ont contesté le projet devant la Commission municipale du Québec, qui leur a finalement donné raison. La capitale a renoncé à son projet au début de 2009.

Les autorités du Plateau-Mont-Royal sont sereines face à la poursuite. Elles ont obtenu un avis juridique de la Ville de Montréal avant d'adopter leur règlement.

«On a fait nos devoirs, affirme M. Norris. La loi québécoise nous confère l'autorité pour agir de la façon dont on agit. On est confiants, on est préparés à défendre le règlement devant les tribunaux.»

Il souligne que plusieurs villes au Québec et à l'étranger ont banni les panneaux-réclame, notamment Westmount et Victoria, en Colombie-Britannique.