La délocalisation de l'usine d'Electrolux vers le Tennessee a un retentissement important dans la région de L'Assomption. Dans un contexte québécois, elle force à réfléchir sur la situation du marché du travail et l'aide de l'État aux entreprises. Des spécialistes répondent à nos questions.

Q: Comment la perte des 1300 emplois d'Electrolux s'inscrit-elle dans le contexte général de l'emploi au Québec?

R: «Depuis la fin de la récession, l'emploi au Québec nous a vraiment étonnés par sa vigueur, souligne Hélène Bégin, économiste senior au Mouvement Desjardins. Le Québec a été le premier, devant le Canada et les États-Unis, à récupérer tous les emplois perdus. Depuis le creux de la récession, plus de 110 000 emplois ont été créés. C'est certain qu'il peut y avoir des mauvaises nouvelles de temps à autre, mais l'emploi au Québec est sur une nette tendance haussière.»

Q: Le Tennessee déroule le tapis rouge en matière d'incitations financières pour attirer Electrolux. Qu'en pensez-vous?

R: Au Tennessee, le taux de chômage de 9,4% est beaucoup plus élevé qu'au Québec (7,9%). «Le sentiment d'urgence à diminuer le chômage est certainement plus grand là-bas qu'ici», note Sébastien Lavoie, économiste à la Banque Laurentienne. Reste que les aides financières sont énormes. Pour Pierre Fortin, économiste à l'UQAM, «ça commence à frôler l'exagération. Il est urgent que l'ALENA ou l'OMC mettent leur nez là-dedans».

Q: Est-ce que le Québec a avantage à surenchérir dans ces situations?

R: «Dans un contexte de retour à l'équilibre budgétaire vers 2013-2014, il n'est peut-être pas aussi évident de délier les cordons de la bourse, observe Sébastien Lavoie. Il y a une limite fiscale qui vient jouer. Si tu en mets un peu plus là, tu dois en mettre un peu moins ailleurs.» On commence à voir les effets de notre endettement, soutient le directeur du Centre sur la productivité et la prospérité à HEC Montréal, Robert Gagné. «On commence à se battre avec des gens qui ont reçu toute une claque, qui ont faim et qui sont moins endettés que nous autres. Leurs poches sont plus profondes. Ils n'hésiteront pas à s'endetter pour créer des jobs.»

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