Andrea Cortellazzi, l'homme du manoir de Redpath Crescent qui vient d'être perquisitionné, doit beaucoup d'argent aux investisseurs. Or, La Presse Affaires a appris que certains ont eu le privilège de faire reconnaître leur dette par une PME en Bourse.

La firme Neuro-Biotech s'est formellement engagée à rembourser 1,6 million de dollars à divers créanciers privilégiés d'Andrea Cortellazzi. L'information est essentiellement tirée de documents déposés par Neuro-Biotech à la SecuritiesandExchange Commission (SEC), le gendarme américain des opérations boursières.

Mercredi, Neuro-Biotech a fait l'objet d'une perquisition par l'Autorité des marchés financiers (AMF) dans la foulée d'une enquête sur une présumée manipulation boursière. Neuro-Biotech est une nouvelle entreprise qui fait la promotion de tests sanguins pour détecter le stress. Cette coquille est inscrite au Pink Sheet, une Bourse peu réglementée aux États-Unis.

Ni les documents de la SEC ni le promoteur de Neuro-Biotech, Serge Ollu, ne peuvent nous renseigner sur l'identité de ces créanciers privilégiés. La Presse Affaires a contacté deux des investisseurs qui ont prêté des centaines de milliers de dollars à Andrea Cortellazzi ou à Serge Ollu, mais aucun n'a eu connaissance de cette transaction.

Bahamas

Cette reconnaissance de dette prend la forme de billets qui portent intérêt au taux de 12% pour une tranche de 1,13 million de dollars et au taux de 6% pour autre tranche de 433 128$.

À l'origine, ces fonds ont été avancés par des investisseurs et prêteurs pour faire croître, entre autres, la minière M-45. Cette société est l'ancêtre de Neuro-Biotech. En juin, les administrateurs de la coquille boursière ont écarté le projet d'exploration minière de M-45 pour le remplacer par celui de Neuro-Biotech.

Peu avant la mise à l'écart de M-45, les administrateurs ont accepté que la tranche de 433 128$ ne soit plus remboursable à Andrea Cortellazzi ou à ses investisseurs, mais à une firme des Bahamas, appelée Northern Carrabean Star, selon les documents déposés à la SEC. Il n'a pas été pas possible de connaître l'identité des bénéficiaires de Northern Carrabean Star (NCS).

Cette firme des Bahamas a maintenant un poids considérable dans l'entreprise de biotechnologie. En plus de cette dette, NCS en est depuis peu l'actionnaire à 45%. Cette participation a été obtenue en échange de la cession de licences permettant à Neuro-Biotech de commercialiser les tests sanguins servant à détecter le stress.

En plus des 433 128$, Neuro-Biotech reconnaît devoir 1,13 million à divers créanciers, qui ne sont pas mentionnés dans les documents de la SEC.

Au téléphone, le promoteur de Neuro-Biotech, Serge Ollu, nous a expliqué que cette somme est due à des créanciers d'Andrea Cortellazzi. Il appert que M. Cortellazzi aurait accepté de convertir sa participation de 24% dans la minière M-45, devenue Neuro-Biotech, par ce titre de dette de 1,13 million au bénéfice de ses créanciers.

Une autre entreprise de Nassau, aux Bahamas, est désormais un actionnaire important dans l'entreprise. Il s'agit de Squib&Waves Research (SWR). Cette firme a mis la main sur 48% des actions de Neuro-Biotech en lui cédant elle aussi sa part des droits sur la commercialisation des brevets. Les deux entreprises des Bahamas, soit NCS et SWR, sont ainsi actionnaires à 93% de Neuro-Biotech.

«Je suis présentement en train de négocier avec ces anciens prêteurs de Cortellazi pour racheter leurs créances au nom des deux entreprises des Bahamas», dit Serge Ollu, selon qui Andrea Cortellazzi n'est plus mêlé à l'entreprise.

Serge Ollu n'est toutefois pas en mesure de nous dire qui sont les actionnaires des deux entreprises des Bahamas, disant ne parler qu'à leurs avocats. Ces deux firmes promettent d'injecter 2 millions de dollars dans Neuro-Biotech d'ici le printemps prochain.

Joint au téléphone, Andrea Cortellazzi a été peu loquace. «Je ne suis pas dans Neuro-Biotech et j'en suis content», a-t-il dit.

Le financier ne peut nous dire qui sont les créanciers privilégiés à qui Neuro-Biotech reconnaît devoir des fonds. «Je ne peux pas vous aider là-dessus. Il y a une enquête avec l'AMF là-dessus. Serge a arrangé les choses à 100% et je suis content de ce qu'il a fait», a-t-il dit avant de raccrocher la ligne.