Un petit manoir situé sur Redpath Crescent, sur le flanc du mont Royal, a fait l'objet de perquisitions, hier matin, en lien avec une présumée arnaque boursière.

L'homme du manoir, Andrea Cortellazzi, est dans la ligne de mire de l'Autorité des marchés financiers (AMF) depuis plusieurs mois. En juin, La Presse Affaires avait fait écho aux plaintes de plusieurs investisseurs, qui affirmaient avoir été floués dans une affaire de placements dans de petits titres boursiers aux États-Unis.

Vers 9h30 hier, des agents de l'AMF et de Revenu Québec se sont rendus au 1212, Redpath Crescent, à Montréal, pour y saisir des documents. Des policiers du Service de police de la Ville de Montréal accompagnaient les agents.

Dans le même dossier, l'AMF a fait une autre visite hier matin, soit au 4020 de la rue Saint-Ambroise, bureau 497, près du canal de Lachine. Revenu Québec n'était pas présent, nous a dit une porte-parole du SPVM.

L'AMF a confirmé certains renseignements, sans donner de détails. «Dans le dossier Cortellazzi, il y a eu deux descentes dans le cadre de l'enquête en cours sur de présumées manipulations de titres boursiers», a expliqué à La Presse Affaires Sylvain Théberge, porte-parole de l'AMF.

À Revenu Québec, la porte-parole, Valérie Savard, a affirmé que les enquêtes de l'AMF et de Revenu Québec étaient distinctes.

Nous avons tenté de joindre Andrea Cortellazzi, mais sans succès. Par contre, Serge Ollu, dont les bureaux sont au 4020, Saint-Ambroise, nous a donné sa version des faits.

Selon lui, les perquisitions visaient strictement les entreprises Ressources minières Andréanne et Minéraux Izza, entreprises qui ont fait l'objet d'un blocage de l'AMF en 2008. À l'époque, Serge Ollu était l'un des associés d'Andrea Cortellazzi et les deux ont fait l'objet du blocage.

Dans le reportage de La Presse de juin dernier, des investisseurs affirmaient que l'une des entreprises au coeur de la présumée arnaque s'appelait M-45 Mining Ressources. L'entreprise incorporée dans le Nevada, aux États-Unis, avait jusqu'à récemment ses bureaux rue Redpath Crescent, avant de déménager rue Saint-Ambroise, à Montréal.

Selon des investisseurs, Andrea Cortellazzi vantait cette firme minière qui devait exploser en Bourse après une découverte à Matagami, dans le nord du Québec. Le projet a fait long feu et l'argent a été perdu.

La coquille boursière a toutefois été relancée, en juin, par Serge Ollu. L'entreprise a changé de nom et de vocation. Elle s'appelle maintenant Neuro-Biotech et elle fait la promotion de tests sanguins pour détecter le stress.

De Montréal, ses bureaux ont déménagé à Bâle, en Suisse, selon des documents déposés devant la SecuritiesandExchange Commission (SEC) des États-Unis.

L'entreprise a créé une filiale à Montréal, baptisée Les Labo Neuro-Biotech Canada, qui doit s'installer prochainement dans le Technoparc. Pour le moment, cette filiale a donné comme adresse les bureaux de la firme d'avocats Langlois Kronström Desjardins, rue Sherbrooke.

Serge Ollu a récemment été reconnu coupable de fraude hypothécaire dans une autre affaire. Il soutient que les perquisitions n'ont absolument rien à voir avec Neuro-Biotech. Il dit s'être complètement dissocié d'Andréa Cortellazzi et affirme que ce dernier ne détient plus aucune participation dans Neuro-Biotech.

Serge Ollu, consultant pour Neuro-Biotech, soutient que les tests diagnostiques de l'entreprise sont appuyés par une abondante recherche. Il ne peut toutefois nous dire si ces tests ont reçu l'homologation d'un organisme reconnu, tel Santé Canada.

Selon les documents de la SEC, Neuro-Biotech est financée par deux fonds des Bahamas, appelés Northern Carrabean Stars et Squib & Waves Research. Ces deux fonds promettent d'injecter 2 millions d'ici un an.

Serge Ollu soutient ne pas savoir qui est derrière ces hedge funds des Bahamas; il n'aurait discuté qu'avec leurs avocats. Il affirme que le déménagement dans un bureau virtuel en Suisse a été fait pour se rapprocher des clients, de grandes entreprises pharmaceutiques.