C'est ce qu'on appelle un remède de cheval. Germain Belzile, directeur de la recherche à l'Institut économique de Montréal, voit la solution aux problèmes de santé de l'industrie du taxi dans sa libéralisation pure et simple.

Terminées, les restrictions au nombre de permis. Abolis, les tarifs fixes. Les clients paieraient moins cher et attendraient moins longtemps dans un système déréglementé et plus concurrentiel, croit-il.

C'est la thèse qu'il défendra dans l'étude «Libéralisation de l'industrie du taxi au Québec: Suivre les exemples irlandais et néo-zélandais», réalisée avec Vincent Geloso, qu'il rendra publique le 25 août prochain.

La réglementation a fait grimper les prix des permis à plus de 200 000$, déplore-t-il. «Même s'ils font plus d'argent avec des tarifs plus élevés et une clientèle plus abondante, ils ne sont pas mieux qu'avant, simplement parce qu'ils paient des sommes gigantesques en intérêts à chaque mois, affirme-t-il. Les grands gagnants ne sont ni les chauffeurs actuels ni les clients. Ce sont ceux qui ont eu leur permis gratuitement quand ça a été créé.»

«Dans une industrie déréglementée, poursuit-il, il y aurait sans doute des entrées quand la demande est très forte, et des sorties quand la demande est plus faible. Mais quelqu'un va-t-il sortir quand il a une dette de 140 000$?»

Il reconnaît qu'il faudrait alors prévoir des mécanismes de compensation pour les permis actuels. Les exemples de réussites existent ailleurs dans le monde, assure-t-il.

Des avenues de solution

Sans surprise, l'industrie voit l'avenir autrement.

«Ça prend un travail collectif et un encadrement de la part de tout le monde pour sauver cette industrie, soutient Dory Saliba, président de Taxi Hochelaga. Il faut trouver le moyen de publiciser le transport par taxi.»

C'est aussi ce que croit Marc Limoges, président de Taxicom. «L'industrie devrait faire un offensive majeure dans les restos et les bars pour retirer de la route les gens qui ont trop bu», donne-t-il en exemple. Une manière de Nez rouge permanent, qui deviendrait un réflexe social...

Serge Masse, de FinTaxi, entrevoit de son côté un marché dans le transport bénévole, tel qu'il se pratique fréquemment dans les résidences pour personnes âgées. «C'est un danger public, lance-t-il. Il y a une partie qui n'est pas vraiment bénévole, c'est du taxi illégal.»

Autre avenue: le transport collectif en taxi, sur les trajets d'autobus en zones peu densément peuplées ou hors pointe. Ce service existe déjà dans l'ouest de l'île.

Le vieillissement de la population entraînera une plus grande demande en transport adapté, pour lequel les taxis spécialement aménagés procurent un service souple et efficace.

Entre-temps, la solution réside sans doute dans les nouveaux systèmes de repérage et de répartition par GPS, comme Taxi Diamond en équipe présentement ses voitures.

La voiture libre la plus proche de l'appel est automatiquement repérée, et est la seule demandée. Le chauffeur réduit ainsi sa zone de maraude et économise l'essence.

Le trajet jusqu'à destination est suggéré en fonction des travaux et embouteillage. Finies les courses volées et les débats avec le client sur l'itinéraire choisi. Le chauffeur pourra même vous repérer grâce à votre propre cellulaire. «Le service s'en trouve amélioré, conclut Serge Masse. Ça devrait augmenter l'achalandage de la clientèle.»