La crise du crédit n'est pas encore terminée pour les inventeurs et bidouilleurs du Québec. Le capital-risque disponible pour développer leurs trouvailles n'est pas encore revenu à son niveau d'avant la débâcle, même si des signes encourageants se dessinent.

Selon les chiffres de la firme Thomson Reuters, les entreprises québécoises ont décroché 100 millions en capital-risque au deuxième trimestre, une impressionnante augmentation de 45% par rapport au même trimestre l'an dernier. Après six mois, cependant, la récolte québécoise reste inférieure à celle de l'an dernier et demeure à des niveaux historiquement bas.

Chez Réseau Capital, l'association du capital-risque québécois, on préfère toutefois mettre l'accent sur les bonnes nouvelles.

«Je suis convaincu que 2010 sera une très bonne année», dit François Chaurette, qui voit plusieurs signes encourageants dans les récentes statistiques.

Le premier est que tous les joueurs semblent maintenant faire leur part pour faire tourner la roue. Tant les fonds locaux que les fonds étrangers sont actifs au Québec. Ces derniers ont déjà investi 58 millions au Québec au cours des six premiers mois de l'année, soit autant que pendant l'année dernière au complet.

Ce sont les fonds de travailleurs et autres fonds fiscalisés (Fonds de solidarité FTQ, Mouvement Desjardins et autres Fondaction CSN) qui ont mené le bal au dernier trimestre avec des investissements de 42 millions. Les fonds privés indépendants ont quant à eux injecté 20 millions, soit 47% de plus qu'au même trimestre l'an dernier.

L'autre bonne nouvelle, c'est que ce ne sont pas seulement les entreprises les plus avancées, donc souvent les moins risquées, qui obtiennent la faveur des investisseurs. Les investissements dans les entreprises en démarrage, complètement boudées pendant la crise du crédit, ont connu la plus forte progression, passant de 11 à 27 millions entre le deuxième trimestre 2010 et la même période l'an dernier.

«On voit un rebalancement dans les stades d'activité», observe M. Chaurette.

À 27%, la part des investissements dans les entreprises en démarrage demeure toutefois sous son seuil historique.

Le retour des biotechs

L'autre grande nouvelle concerne le secteur des biotechnologies, qui a décroché la palme pendant le trimestre en raflant 39% des investissements, beaucoup plus que les 20% récoltés pendant toute l'année dernière.

Sept entreprises dont Gemin X, Aeterna Zentaris, Medicago et Bellus Santé ont décroché ensemble 38 millions, pavant la voie à ce que M. Chaurette appelle un «retour en force».

«J'ai effectivement l'impression qu'il y a eu un certain tournant depuis six mois. Les entreprises qui ont de bonnes technologies et sont bien dirigées semblent trouver preneur auprès des financiers», dit Mario Lebrun, directeur général de Bioquébec, l'organisme qui représente les entreprises du secteur.

Selon lui, la stratégie du «spray and pray», qui consistait à saupoudrer de petites sommes auprès de plusieurs entreprises en priant pour que l'une d'entre elles finisse par percer, est maintenant révolue. Il se réjouit de voir maintenant les investisseurs mieux choisir leurs entreprises et y investir des sommes plus substantielles.

Du côté des technologies de l'information, le deuxième secteur en termes d'investissements en capital-risque, ce sont les entreprises internet qui ont volé la vedette, notamment VM6 Software et Woozworld.