Du ski de soirée. Un chalet rénové. Des remonte-pentes améliorés à coups de millions de dollars. Et, enfin, un vent d'optimisme qui ramènera les clients.

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Voilà le plan d'affaires des frères Peter et Robert Sudermann, deux self made men qui sont les seuls à avoir soumis une offre d'achat au gouvernement du Québec pour la station de ski et le club de golf du mont Orford. Québec, qui demande 1$ comme prix de vente, fera connaître sa décision dans les prochaines semaines. Le futur propriétaire devra mettre 4 millions de dollars en garantie et exploiter la station de ski et le club de golf durant au moins cinq ans.

Les frères Sudermann, deux hommes d'affaires originaires du Manitoba qui possèdent deux stations de ski au Québec et une autre en Alberta, se disent capables de rentabiliser Orford dès la première année. Orford perd actuellement entre 900 000$ et 1 million de dollars par année. «Orford, c'est le meilleur ski dans les Cantons-de-l'Est. Depuis 15 ans, la station a été exploitée avec des risques d'échec qui planaient. Orford a perdu de l'argent parce que les skieurs s'en allaient en raison de la possibilité de fermeture. Qui veut investir dans un chalet ou une passe saisonnière si la montagne peut fermer? Ma vision, c'est que les gens vont revenir parce qu'ils savent qu'Orford sera un acteur important dans le ski au Québec», dit Robert Sudermann en entrevue à La Presse Affaires, sa première entrevue au Québec depuis le dépôt de son offre d'achat.

En plus de la garantie gouvernementale exigée de 4 millions de dollars, les frères Sudermann comptent investir de 7 à 10 millions de dollars sur cinq ans dans la montagne. «Nous voulons intégrer du ski de soirée. Il n'y en a jamais eu, à notre connaissance. Nous devons améliorer le chalet et les remonte-pentes. Nous devons aussi faire des changements à l'école de ski. Mais la première chose, c'est de rendre la station rentable», dit Robert Sudermann, skieur alpin de haut niveau qui a notamment déjà gagné le championnat canadien des maîtres.

Les frères Sudermann possèdent trois stations de ski (Camp Fortune et Mont Sainte-Marie en Outaouais, Mont Norquay en Alberta), dont deux dans des parcs nationaux. Ils assurent que leurs trois stations sont rentables. Ils ont aussi exploité le terrain de golf du mont Sainte-Marie pendant sept ans avant de le vendre en décembre dernier.

Peter et Robert Sudermann se disent d'authentiques self made men. «Je n'ai jamais travaillé pour un patron de ma vie», dit Robert Sudermann.

À l'adolescence, ces deux fils de chirurgien ont fondé une entreprise de peinture à Winnipeg, où ils ont grandi. Après 10 ans en affaires et une expansion à Minneapolis et Chicago, ils ont vendu leur entreprise de peinture et ont réinvesti leurs profits dans une station de ski de 110 mètres de dénivelé à Winnipeg. Après avoir appris le métier, ils ont acheté Camp Fortune en 1994, Mont Sainte-Marie en 2002 et Mont Norquay en 2006.

Les prétendants au mont Orford viennent toutefois de subir un revers important alors que leur filiale de cinéma a été acculée au bord de la faillite en début d'année. Cinémas Fortune a acheté sept complexes de cinéma (78 salles) au Québec pour 2 millions de dollars en 2006. L'entreprise a fermé trois complexes de cinéma avant de vendre les quatre autres à rabais à Cineplex Divertissement. «Le ski et le cinéma sont deux industries différentes, dit Robert Sudermann. Nous sommes dans l'industrie du ski depuis 21 ans. C'est notre domaine d'expertise.»

Les frères Sudermann, qui vivent à Chelsea, en Outaouais, mais dont l'entreprise Camp Fortune Resort a son siège social au Manitoba, ne craignent pas toute la controverse associée au mont Orford. «Quand il y a de la peur, il y a une occasion, dit Robert Sudermann. Et je crois qu'Orford est une excellente occasion.»