Alors que le Front syndical commun des employés de la fonction publique est optimiste quant à l'issue des négociations avec Québec, le Conseil du patronat signale que le gouvernement ne peut augmenter leurs salaires, sans effectuer de compressions ailleurs.

C'est lundi que Québec présentera son offre aux employés de l'État, dans le cadre du renouvellement de leurs conventions collectives.

Le Front commun syndical, soit les syndicats qui négocient pour les employés de la fonction publique, ont notamment demandé une augmentation salariale de 11,25% sur trois ans, ce qui représenterait un déboursé de 3 milliards pour le gouvernement.

Selon la porte-parole du front commun syndical, Régine Laurent, cela représente environ 2% par année, plus un rattrapage salarial de 49 cents de l'heure annuellement. Elle estime ainsi que les demandes des employés de l'État ne sont pas faramineuses.

Elle trouve aussi un appui à la position du Front commun dans le dernier rapport de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ), publié jeudi, qui indique entre autres que les employés de l'État accusent un retard de 8,7% par rapport aux employés des autres secteurs de l'économie, une hausse de un pour cent depuis l'an dernier.

Mais selon Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec, tout le monde peut faire parler les chiffres à son avantage. Il souligne que les conclusions de l'ISQ ne tiennent pas compte de la sécurité d'emploi, ni des régimes de retraite à prestation déterminée dont les employés bénéficient. Pas plus que du fait qu'ils travaillent quatre semaines de moins par année que les employés du privé.

Quant au fait de réclamer ces augmentations salariales en pleine crise économique, Mme Laurent rappelle que la fonction publique s'est fait imposer en 2005 ses salaires par décret alors que l'économie était en pleine croissance. Et que leur tour doit bien venir un jour.

Elle demeure néanmoins optimiste quant au résultat des négociations avec Québec. Elle croit que les problèmes de rétention de personnel, qui entravent le bon fonctionnement de la fonction publique, seraient en partie réglés par une offre de salaires concurrentiels. Elle estime que le gouvernement est sensible à ce problème.

À cela, M. Dorval réplique que la solution ne réside pas en des augmentations salariales mur à mur. Il croit que le gouvernement doit plutôt évaluer les besoins spécifiques de certains secteurs où les besoins sont plus criants.

Avec la dette qui ne cesse de croître, Yves-Thomas Dorval croit que l'État québécois ne peut pas se permettre d'augmenter les dépenses. Il tient ainsi à souligner que la rémunération des salariés représentent 50% des dépenses de programmes du Québec. Puisqu'il estime que la société ne veut pas l'abolition ou la réduction des programmes, il faut que le gouvernement contrôle ses dépenses, dont les salaires de ses employés, car il n'est pas en mesure de débourser plus.

Le Front commun syndical veut s'entendre sur la convention collective d'ici le 31 mars 2010, à la fin du décret qui régit actuellement les conditions d'emploi de la fonction publique québécoise.