La LNH se sert-elle du scénario du retour des Nordiques à Québec afin de négocier de nouveaux arénas pour ses équipes aux États-Unis? Un économiste américain pose la question.

De passage pour donner une conférence hier après-midi à l'Université Concordia, l'économiste Rodney Fort avoue douter des chances de Québec d'obtenir une équipe de la LNH à court et à moyen terme. « La LNH tente de renouveler les installations de plusieurs de ses équipes avec l'argent des contribuables ou du privé. Dans ce contexte, garder ouvert des marchés potentiels intéressants comme Québec, Hamilton et Winnipeg est une excellente option pour la ligue. Ces marchés potentiels ont actuellement une valeur pour la LNH », a dit à La Presse Affaires le professeur de l'Université du Michigan et auteur de six livres sur l'économie du sport professionnel.

Rodney Fort ne croit pas que les Coyotes de Phoenix, mis en faillite au cours de l'été puis repris par la LNH, seront encore en Arizona dans trois ans. Il voit quatre destinations potentielles : Kansas City, Winnipeg, Hamilton et Québec. Du lot, la candidature de Winnipeg se démarque. « Ça répondrait à la demande d'avoir une septième équipe au Canada, c'est un marché viable économiquement et ça ne menace aucune équipe établie, contrairement à Hamilton (les Maple Leafs de Toronto) et Québec (le Canadien de Montréal) », dit-il.

Rodney Fort donnait hier une conférence sur les conflits de travail dans le sport professionnel devant un auditoire universitaire d'une quinzaine de personnes, dont le nouveau copropriétaire du Canadien, Andrew Molson. M. Fort estime les gains réalisés par la LNH en raison du lock-out de 2004-2005 à 2,23 milliards $US, soit 74 millions par équipe. « Le lock-out aurait pu durer une saison de plus et il aurait été rentable pour les propriétaires de la LNH », dit-il.

« Il y a cette perception que les conflits de travail dans le sport sont une affaire de personnalités et d'égos, mais il y a des situations où une grève ou un lock-out fait du sens économiquement, continue l'économiste américain, qui a été consulté par l'association des joueurs lors du dernier conflit de travail. Gary Bettman et Bob Goodenow auraient pu être les deux meilleurs mis du monde, la LNH aurait quand même vécu un lock-out.»