Le Québec doit absolument accélérer ses gains de productivité s'il veut éviter que le vieillissement de la population ne réduise à néant ses perspectives de croissance économique, a plaidé mardi la présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Monique Leroux.

Dans un discours prononcé à la tribune du Cercle canadien, à Montréal, Mme Leroux a reconnu que l'augmentation de la productivité suscitait plus souvent la méfiance que l'enthousiasme, plusieurs personnes y voyant notamment l'obligation de travailler plus fort.

La grande patronne de Desjardins s'est toutefois appuyée sur une étude préparée par les économistes du Mouvement pour marquer l'urgence de la situation. Ainsi, en maintenant au cours de la prochaine décennie l'amélioration de la productivité au même rythme que celui des dix dernières années, soit environ un pour cent annuellement, le Québec verrait son potentiel de croissance sombrer sous les un pour cent d'ici 2020, selon Desjardins.

De 2003 à 2008, le Québec a jouit d'un potentiel de croissance de 2,1 pour cent par année, estime Desjardins.

«L'enjeu est donc crucial pour le Québec, car moins d'un pour cent de croissance équivaut à une quasi-stagnation de l'économie et à une situation de panne pour la création de richesse», a déclaré Monique Leroux, en soulignant que le Japon a vécu ce problème au cours des dernières années, ce qui a notamment contribué à faire exploser sa dette publique.

«La hausse de la productivité sera la pierre angulaire de notre prospérité future et il importe d'agir sans tarder à ce chapitre», a-t-elle martelé.

Desjardins calcule que la population québécoise en âge de travailler reculera dès 2014, même en tenant compte du mini baby-boom des dernières années et de la hausse de l'immigration.

Mme Leroux a assuré qu'accroître la productivité n'allait pas forcément à l'encontre des valeurs de solidarité et de compassion. Elle a soutenu qu'une meilleure productivité se traduirait certes par une hausse des profits des entreprises, mais aussi par de meilleurs salaires et une progression des revenus des gouvernements, ce qui serait de nature à préserver les services publics.

Pour accroître sa productivité, qui est nettement inférieure à celle de l'Ontario et des Etats-Unis, le Québec devra agir sur plusieurs facteurs, dont l'innovation, la qualité de l'éducation, les investissements en immobilisations, le régime fiscal et la réglementation, a avancé la pdg.

Plus particulièrement, les entreprises devront «exercer une vigie des pratiques en cours dans leur secteur», améliorer constamment leurs pratiques d'affaires et assouplir leurs modèles de gestion, a conseillé Monique Leroux.

La dirigeante en a profité pour présenter comme de l'«innovation» la récente réorganisation entreprise par Desjardins, qui doit se traduire par la suppression de 900 postes en trois ans et des économies annuelles de 150 million $.

Ristournes

Par ailleurs, Desjardins n'a pas l'intention, pour l'instant, de reconduire la règle d'exception qui, plus tôt cette année, avait plafonné le montant des ristournes à 30 pour cent des excédents des caisses.

On reviendra donc, selon toute vraisemblance, à la politique habituelle de Desjardins, en vertu de laquelle les caisses peuvent verser jusqu'à 45 pour cent de leurs excédents en ristournes aux membres.

Il ne faudra toutefois pas s'attendre à une hausse spectaculaire des ristournes: en raison de la baisse des taux d'intérêt, les excédents du réseau des caisses ont fondu de 39,7 pour cent au cours des six premiers mois de 2009 pour se chiffrer à 216 millions $.

La provision pour ristournes s'est quant à elle établie à 106 millions $ pour le premier semestre de l'année, en baisse de 64 pour cent par rapport à la même période de 2008.