Une nouvelle affaire d'investisseurs présumément floués vient d'éclater en Mauricie alors que Michel Gariépy, 52 ans, doit répondre de fraudes de plusieurs centaines de milliers de dollars. Selon Me Maxime Chevalier, le procureur aux poursuites criminelles et pénales chargé du dossier, le montant des fraudes visées par l'acte d'accusation pourrait éventuellement dépasser 1 million de dollars.

C'est une enquête menée par la division des délits commerciaux de la GRC sur la faillite déclarée par Gariépy en 2007 qui a débouché sur des accusations criminelles. Cette faillite de l'ordre de 2,18 millions $ compte pas moins de 76 créanciers parmi lesquels un homme de Shawinigan-Sud qui aurait perdu 345 000 $ et un couple de Shawinigan, 221 000 $. Saisie du dossier, la police fédérale a conclu que cette faillite avait un caractère frauduleux.

Michel Gariépy, nouvellement installé à Drummondville - il résidait jusque là sur la rue Deveau à Trois-Rivières -, a été décrit par plusieurs personnes comme un homme affable.

Un voisin, Sylvain Dubeau, a déclaré qu'il n'avait que de bons mots pour cet individu. «Je le connaissais depuis trois ans et je n'ai rien à redire contre lui», a-t-il mentionné en se disant surpris des accusations portées contre cet homme.

Michel Gariépy aurait oeuvré dans le domaine de la comptabilité au cours des années 90 à Grand-Mère et à Trois-Rivières mais n'était pas rattaché à un bureau de courtage ou à une institution bancaire reconnue.

Au fil des ans, il aurait offert à des clients et à des connaissances de lui confier leurs économies pour les faire fructifier. Des rendements exceptionnels allant de 15 % à 50 % auraient été promis.

Pour se donner une bonne crédibilité, Michel Gariépy aurait déclaré aux investisseurs qu'il faisait affaires avec une banque connue en Suisse qui offrait un retour sur l'investissement supérieur à toute autre institution.

Mais selon le rapport du séquestre officiel, l'accumulation de dettes (emprunts graduels) en disant que c'était pour des placements en Suisse était faux.

Dans une déclaration faite au séquestre, Michel Gariépy dira que longtemps après avoir constaté son insolvabilité, il essayait de trouver une solution miracle. Il dit s'être rendu en Suisse en 1992 et y avoir visité une banque, mais il n'y a pas ouvert de compte. Il révélera aussi ne pas avoir tenu de comptabilité informatique concernant les emprunts.

Il signait des reconnaissances de dettes et des billets d'emprunt qui étaient soit remboursés soit renouvelés. Gariépy précisera lors de son interrogatoire avec le séquestre Alain Jolicoeur qu'il n'a pas conservé de trace des remboursements qu'il a effectués. L'argent emprunté lui était versé comptant.

Il aurait admis par ailleurs avoir fait de fausses déclarations en soutenant que l'argent emprunté était utilisé comme placement. Il a dit aussi que son tout premier emprunt ayant conduit à sa faillite de 2 millions $ avait été fait en 1992.

En juin dernier, Michel Gariépy a choisi de s'installer à Drummondville où il occupe un emploi à Postes Canada. Un mandat d'arrestation visé avait été émis contre lui le 18 juin dernier, mais il s'est finalement rapporté aux autorités.

Sa comparution pour les accusations de fraude est prévue le 13 août au palais de justice de Trois-Rivières.

Son procureur, Me René Duval, s'est montré avare de commentaires, hier, sinon pour dire qu'on n'était pas ici en présence d'un dossier de l'envergure des Vincent Lacroix, Earl Jones, Normand Burns et autres. Selon Me Duval, il faut faire la part des choses entre le bilan statutaire du dossier de faillite et celui de fraudes pour lesquels des accusations criminelles ont été portées.

«Le libellé de l'accusation est vague sur les moyens dolosifs qu'aurait utilisés mon client», a noté l'avocat qui met en garde de tirer des conclusions avant que ne s'instruise un procès. «Je peux vous dire, à la lumière des informations dont je dispose, qu'il n'y a pas faillite frauduleuse», assure Me Duval en ajoutant que les montants en litige ne dépassent les trois quarts de million de dollars.

Pour sa part, Me Chevalier estime que la preuve recueillie par la GRC démontrera que Michel Gariépy a promis des rendements faramineux aux investisseurs.

«Les informations qui me parviennent de ces investisseurs sont à l'effet que Michel Gariépy leur a fait croire qu'ils gagneraient gros s'ils lui confiaient leur argent», a précisé le procureur qui a souhaité ne pas commenter davantage ce dossier.