Les chasseurs et pêcheurs américains sont moins présents dans les pourvoiries du Québec, mais les Québécois continuent d'envahir le terroir. Dans certains cas, ils compensent même la baisse de clientèle américaine.

«Les effets de la récession se font sentir du côté américain depuis deux ans. Mais pour la clientèle du Québec, il y a une augmentation», constate Gilles Dumaresque, responsable de la clientèle pour la SEPAQ Anticosti, qui gère les deux tiers de cette île mythique.

 

Selon le ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec, 689409 permis de pêche ont été délivrés en 2008. Il s'agit d'une baisse d'environ 10000 par rapport à 2007, mais d'une hausse de près de 30000 par rapport aux deux années précédentes.

Constat semblable pour la chasse. Le nombre de permis délivrés a été moindre en 2008 qu'en 2007, mais demeure, à 519948, de quelque 50000 supérieurs aux années précédentes.

«Pour bien des Québécois, l'escapade annuelle en forêt demeure un incontournable», affirme Marc Plourde, PDG de la Fédération des pourvoiries du Québec.

Il faut dire que le Québec est bien pourvu en lacs et forêts. Gilles Dumaresque vante l'île d'Anticosti, par exemple. «La Jupiter est l'une des plus belles rivières à saumon en Amérique du Nord, un rêve. L'eau est tellement claire qu'on voit les poissons; les pêcheurs n'ont qu'à présenter la mouche de leur perche», dit-il.

Sur cette rivière de près de 70 km, seuls huit pêcheurs peuvent taquiner le poisson chaque jour. Les activités de chasse et pêche ne sont pas à la portée de toutes les bourses, toutefois: cinq jours dans l'île avec la SEPAQ coûtent entre 800$ et 2300$, parfois 5000$. Et pour s'y rendre, il faut payer 600$ pour le billet d'avion (depuis Québec ou Montréal).

Une autre raison qui explique le maintien de la demande au Québec pour la chasse est l'instauration du permis d'initiation à la chasse il y a quelques années. Ce permis temporaire permet à un néophyte accompagné d'un chasseur expérimenté de tenter ce sport sans avoir les permis permanents. «Les gens d'affaires amènent leurs amis. Ce permis d'initiation a connu un succès énorme», dit Nicolas Laurin, PDG de Safari Nordik.

En dépit de cette remontée, les observateurs ne sont pas dupes. L'âge moyen du chasseur est de 50 ans et l'industrie profite encore des baby-boomers, une génération qui compte de nombreux amateurs de chasse et pêche.

Tôt ou tard, le vieillissement de la population se fera sentir. Depuis 10 ans, les permis de pêche vendus aux plus de 65 ans progressent d'ailleurs sans cesse. La croissance est de 27% pour les permis délivrés pour les espèces autres que le saumon. «C'est clair qu'on pressent une baisse après l'effet du baby-boom», nous dit Marc Plourde.

 

LA CHASSE ET LA PÊCHE AU QUÉBEC

Les activités en pourvoirie

Nombre de pourvoiries : 649

Revenus annuels des pourvoiries : 124 millions

Nombre d'emplois en pourvoirie : 2700

Capacité d'accueil : 4700 unités d'hébergement

Nombre de visiteurs : 433 000

La clientèle des pourvoiries (fréquentation en jours-activité)

Pêche, résidants du Québec: 564 000

Pêche, non-résidants : 131 000

Chasse, résidants du Québec: 74 000

Chasse, non-résidants : 55 000

Source: Étude sur la performance économique des pourvoiries au Québec, FPQ, 2006